Cerf ou chevreuil : comment les différencier sans se tromper ?

Cerf ou chevreuil : comment les différencier sans se tromper ?

On les croise à l’aube sur une lisière, une ombre glisse, relève la tête… et le doute s’installe : cerf ou chevreuil ? Dans les conversations, les deux cervidés se confondent souvent. Pourtant, les distinguer n’a rien de sorcier dès qu’on repère trois indices : la taille, les bois et… la croupe.

Le réflexe taille/poids : David et Goliath des forêts

Le cerf élaphe est le plus grand mammifère sauvage de France. Au garrot, un mâle adulte affiche entre 1,20 et 1,50 m, pour un poids qui grimpe régulièrement à 170–250 kg, voire davantage chez les plus beaux spécimens. La biche, plus fine, se situe entre 80 et 130 kg.
À côté, le chevreuil (Capreolus capreolus) paraît minuscule : 60–75 cm au garrot, 20 à 35 kg maximum, silhouette élancée et bonds nerveux. On dit souvent pour simplifier : deux fois plus haut et cinq fois plus lourd pour le cerf.

Les bois : la couronne du roi

Tous deux portent des bois, mais leur allure et leur cycle de chute ne trompent pas.

  • Le cerf exhibe des ramures massives et ramifiées, pouvant mesurer près d’un mètre et peser jusqu’à 10 kg. Ils tombent entre février et mars avant de repousser sous velours jusqu’à l’été.
  • Le chevreuil, lui, se contente de petits bois courts (20–25 cm), rarement très ramifiés. Le brocard les perd plus tôt, en octobre–novembre, pour une nouvelle pousse dès l’hiver.

La croupe : miroir contre queue

C’est souvent l’indice le plus sûr quand l’animal s’éloigne. Le chevreuil, dépourvu de queue visible, exhibe un miroir clair : une tâche blanche en hiver, jaunâtre en été. Le cerf, lui, possède une queue d’une quinzaine de centimètres sur un cimier clair, bien visible lorsqu’elle bat.

Le chevreuil, athlète discret

Gracile, doté de pattes fines et d’une encolure élancée, le chevreuil impressionne par sa vivacité : il peut bondir de 2 mètres et filer à 70 km/h sur une courte distance. Son régime alimentaire est sélectif : jeunes pousses, bourgeons, fruits, végétaux riches en azote. Très lié aux lisières et aux sous-bois, il vit le plus souvent seul ou en petits groupes l’hiver.

  • Mâle : brocard
  • Femelle : chevrette
  • Jeune : faon (puis chevrillard)
  • Bois : courts, chute en automne

Le cerf, seigneur du brame

Massif, poitrine large, tête allongée : le cerf impose par sa stature. Son alimentation est variée (herbacées, ligneux, fruits) et il occupe de vastes territoires forestiers. Sa vie sociale est plus complexe : les biches vivent en harde avec les jeunes, les jeunes mâles forment des groupes, les vieux cerfs mènent souvent une existence solitaire. L’automne dévoile son plus grand spectacle : le brame, ce cri rauque qui résonne pour attirer les femelles et écarter les rivaux.

  • Mâle : cerf (2ᵉ année : daguet)
  • Femelle : biche (2ᵉ année : bichette)
  • Jeune : faon
  • Bois : massifs, chute au printemps

Et le daim, dans tout ça ?

Le daim (Dama dama) occupe une place intermédiaire : jusqu’à 1 m au garrot, 80–100 kg, pelage tacheté en été, bois palmés chez le mâle et une queue plus longue que celle du cerf. Très adaptable, il fréquente aussi bien les forêts scandinaves que les dunes méditerranéennes. La daine, plus fine, peut parfois être prise pour une chevrette… sauf qu’ici, la queue et les bois palmés trahissent vite l’espèce.

Cerf et chevreuil en France : répartition et populations

La faune sauvage française compte aujourd’hui environ 1,5 million de chevreuils et entre 200 000 et 250 000 cerfs élaphes, selon les données de l’Office français de la biodiversité (OFB). Le chevreuil s’est considérablement étendu depuis le XXᵉ siècle, colonisant presque tous les départements, des plaines agricoles jusqu’aux massifs montagneux. Son adaptabilité en fait l’un des cervidés les plus visibles.
Le cerf, lui, avait régressé à cause de la fragmentation des forêts. Depuis les années 1960, des politiques de réintroduction et de protection ont permis un net retour : on le retrouve désormais dans de nombreux massifs forestiers, des Vosges à la Sologne en passant par les Landes et le Massif Central.

Des populations en évolution constante

La croissance des populations de cervidés n’est pas sans conséquence. Le chevreuil, très présent, occasionne parfois des dégâts sur les jeunes cultures forestières et agricoles, ce qui entraîne des plans de chasse stricts. Le cerf nécessite lui aussi une gestion fine pour éviter une trop forte pression sur les habitats forestiers. Les fédérations départementales des chasseurs et l’OFB ajustent chaque année les quotas de prélèvements pour maintenir un équilibre durable entre faune sauvage, activités humaines et régénération naturelle des forêts.

Indices simples pour ne pas se tromper

  • Taille : massif = cerf ; petit et vif = chevreuil
  • Bois : ramures imposantes vs dagues modestes
  • Croupe : miroir clair sans queue = chevreuil ; queue visible = cerf
  • Comportement : brame en automne = cerf ; discrétion nerveuse = chevreuil
  • Habitat : cerf = grands massifs forestiers ; chevreuil = lisières, clairières, sous-bois

Alimentation, indices et saisons de chasse

Le chevreuil est un gourmet sélectif, le cerf un mangeur plus généraliste capable de varier son régime selon les saisons. Leurs indices de présence diffèrent aussi : crottes petites et fuselées pour le chevreuil, plus grosses et irrégulières pour le cerf ; empreintes fines et allongées chez l’un, larges et puissantes chez l’autre.
Côté saison de chasse, les périodes diffèrent selon les départements. En règle générale :

  • Chevreuil : chasse dès l’automne et jusqu’à l’hiver ou début de printemps, avec en plus l’été pour le tir du brocard à l’approche.
  • Cerf : approche possible dès le 1er août en Alsace ; battues et affûts encadrés en automne et hiver.

Les erreurs fréquentes

  • Parler de « petite biche » alors qu’il s’agit d’une chevrette.
  • Penser qu’un animal aux bois courts est forcément un jeune cerf : c’est peut-être un brocard.
  • S’étonner de voir un cerf sans ramure en automne : la chute n’a pas lieu au même moment que chez le chevreuil.

Cerf vs chevreuil : le résumé

  • Chevreuil : 60–75 cm, 20–35 kg, miroir clair sans queue, bois courts chutant à l’automne, vie souvent solitaire.
  • Cerf : 1,20–1,50 m, 170–250 kg, queue visible, ramures massives chutant au printemps, vie sociale plus organisée.

Une cohabitation à gérer

Aujourd’hui, cerfs et chevreuils sont devenus emblématiques de la chasse française et de la biodiversité forestière. Mais leur abondance pose la question de la cohabitation avec l’agriculture, la sylviculture et les automobilistes : les accidents de la route impliquant des cervidés sont en hausse. La gestion raisonnée des populations, appuyée par la chasse, reste donc un outil essentiel pour garantir l’équilibre des écosystèmes et préserver la beauté de nos forêts.

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Rédacteur en chef, SoChasse

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