Biche ou chevreuil : comment faire la différence sans se tromper ?

Quelle est la femelle du cerf ?Surtout pas la chevrette!

Qui n’a jamais lancé, en voiture ou en balade, un enthousiaste « Regardez la biche ! » en voyant une silhouette broutant au bord d’un champ ? Et pourtant, neuf fois sur dix, il s’agissait d’un chevreuil. La confusion est fréquente, jusque dans la presse, où l’on mélange volontiers les deux cervidés. Pour l’œil exercé, pourtant, la distinction entre biche et chevreuil est évidente. Encore faut-il savoir quels détails observer : la taille, la croupe, le comportement.

La taille : David contre Goliath des forêts

La biche, femelle du cerf élaphe, est un animal imposant. Elle mesure entre un mètre et 1,20 mètre au garrot, et son poids oscille de 80 à 130 kilos. À ses côtés, le chevreuil paraît minuscule. Le plus petit des cervidés d’Europe se limite à 65 à 75 centimètres de hauteur, pour 20 à 30 kilos. À distance, la différence saute aux yeux : si la silhouette remplit la clairière, il s’agit probablement d’une biche ; si elle semble fine, vive et nerveuse, vous êtes face à un chevreuil.

La croupe : le miroir contre la queue

Quand l’animal s’éloigne, c’est son arrière-train qui livre le verdict. Le chevreuil est dit anoure, presque dépourvu de queue. À la place, il arbore un « miroir » clair, une tache blanche en hiver, jaunâtre en été, qui attire immédiatement l’œil. La forme même de ce miroir aide à différencier les sexes : en haricot chez le brocard (mâle), en cœur chez la chevrette (femelle). La biche, elle, porte une queue bien visible, d’une quinzaine de centimètres, posée sur une zone claire appelée cimier. Pas de tache blanche marquée : c’est là toute la différence.

Silhouette et allure : deux styles bien distincts

La biche est élancée, au museau plus pointu et au cou allongé. Son allure ample, sa taille imposante et sa démarche majestueuse ne laissent guère de doute. Le chevreuil, au contraire, offre une silhouette plus ramassée, un museau court, un port de tête nerveux. Athlète discret, il bondit aisément de deux mètres et peut filer à vive allure dans un bois. Là où la biche dégage une impression de puissance tranquille, le chevreuil séduit par sa légèreté bondissante.

Le mode de vie : solitaire contre vie de groupe

Autre différence, moins visible mais tout aussi importante : le mode de vie. Le chevreuil est un solitaire (même si en France nous en voyons désormais de plus en plus en petit groupe dans les champs). La biche, en revanche, vit en harde avec d’autres femelles et leurs faons. Ce comportement social lui permet de mieux protéger ses petits face aux prédateurs. Observer plusieurs silhouettes de grande taille dans une clairière est presque toujours signe de la présence de biches.

Régime alimentaire et habitat

Le chevreuil est un herbivore sélectif, exigeant. Il se nourrit de jeunes pousses, de bourgeons, de fruits riches en azote, et affectionne les lisières où se mêlent clairières et sous-bois. La biche, elle, comme le cerf, a un régime plus varié : herbacées, ligneux, fruits. Elle préfère les grands massifs forestiers, vastes territoires où les hardes trouvent refuge. Leur présence en France suit cette logique : le chevreuil occupe presque tous les paysages, des bocages aux piémonts, tandis que la biche reste attachée à un certain nombre de grandes forêts dont la Sologne, les Vosges, le Massif central ou les Alpes.

Les bois : un attribut masculin

Précisons enfin que ni la biche, ni la chevrette ne portent de bois. Seuls les mâles en sont pourvus. Le cerf arbore de larges ramures ramifiées qui tombent en février-mars, tandis que le brocard porte des bois courts (20 à 25 cm) qui chutent dès l’automne. Confondre une chevrette avec une biche parce qu’elles n’ont pas de bois est donc une erreur fréquente, mais facile à éviter grâce aux indices précédents.

Pourquoi bien distinguer biche et chevreuil est essentiel?

Pour les naturalistes comme pour les chasseurs, reconnaître une biche, une chevrette ou un brocard est indispensable pour suivre correctement les populations de cervidés, d’adapter les prélèvements et de préserver l’équilibre des forêts. Trop de chevreuils dans une zone, et les jeunes pousses forestières sont menacées ; trop de cerfs et les cultures en pâtissent. Savoir différencier ces animaux, c’est donc aussi contribuer à une meilleure gestion de la faune sauvage.

En résumé : l’œil, la taille et… le miroir

Alors, la prochaine fois qu’une silhouette surgira au détour d’un chemin, rappelez-vous ces indices : la taille (petit gabarit = chevreuil, grand gabarit = biche), la croupe (miroir clair = chevreuil, queue = biche), et l’allure générale. Avec un peu d’habitude, vous ne confondrez plus jamais une chevrette avec une biche, ni un brocard avec un jeune cerf. Et vous pourrez, sûr de vous, corriger la fameuse exclamation : « Non, ce n’est pas une biche… c’est un chevreuil ! ».

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Rédacteur en chef, SoChasse

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