Un lecteur nous a interpellés ce week-end après avoir chassé dans deux battues de grand gibier, dans le même département, à vingt kilomètres d’intervalle… et avec deux codes de sonneries totalement différents. Ce n’est pas nouveau, mais cela pose question : pourquoi, en 2025, aucune sonnerie de chasse n’est-elle harmonisée en France ?
Car enfin, entre le départ de battue, la fin, les vues, les tirs, le renard, le chevreuil, le sanglier et les cervidés, il y a parfois de quoi perdre un chasseur débutant, et même un chevronné. Sur un territoire, le renard est sonné d’un coup, ailleurs on ne le sonne jamais. Le chevreuil prend deux ou trois coups selon les usages. Le sanglier ? Trois, quatre… ou autre chose selon la tradition locale. Et quand on arrive aux cervidés, c’est encore un autre monde : faon, biche, daguet, C2, C3, chacun sa musique, chacun son code.
Beaucoup de territoires ont opté pour une règle simple : autant de sonneries que de syllabes. « San-gli-er » : trois coups. « Che-vreuil » : deux coups. C’est logique, c’est clair, c’est facile. Et dans ces chasses, lorsqu’un chevreuil est prélevé, on l’annonce par deux coups courts de pibole suivis du fameux taïaut, cette petite série sèche qui court dans les bois et met tout le monde au parfum.
D’autres sociétés pratiquent le taïaut avant la mort quand l’animal est blessé. Là encore, rien d’uniformisé, rien de codifié, chacun son école.
Au fond, la France compte autant de sonneries que de sociétés de chasse. Alors pourquoi ne pas établir un code national ? L’idée n’est pas neuve. Certains y voient un moyen de clarifier, d’améliorer la sécurité, ou simplement d’éviter les quiproquos lorsqu’on invite des chasseurs extérieurs.
D’autres, au contraire, défendent bec et ongles leurs sonneries locales. Une part d’identité, disent-ils. Et ils n’ont pas tort : dans beaucoup de battues, les sonneries appartiennent à l’histoire du territoire, transmises comme un vieux savoir oral. Codifier cela reviendrait, pour certains, à écraser les différences qui font justement le charme de nos chasses françaises.
On a aussi croisé, sur quelques forums, l’argument de la sécurité : des borduriers un peu prompts à « tendre l’oreille » et à « tendre la carabine » à l’écoute de trois ou quatre coups. Ce n’est pas le sujet du jour, mais il flotte dans l’air. À côté de ça, l’arrivée des radios, des talkies et des groupes WhatsApp bouleverse le rôle des sonneries : elles sont encore très utiles, bien sûr, mais elles restent aussi un symbole, un rituel qui garde sa place.
Alors faut-il un code national ?
Faut-il unifier, simplifier, clarifier ?
Ou laisser chaque territoire garder ses habitudes, ses taïauts, ses coups courts et son petit patrimoine sonore ?
Chez So Chasse, on ne milite pas pour une codification à marche forcée. En bons Gaulois, on aime la liberté, les usages, les différences. Mais on aime aussi le débat. Et vous, qu’en pensez-vous ? Faut-il codifier nos sonneries, ou les préserver telles qu’elles sont ?












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