Le chamois en France

Le chamois en France

Le chamois (Rupicapra rupicapra), emblème des montagnes françaises, est l’un des animaux sauvages les plus élégants et les plus adaptés à la verticalité. Sa présence dans les Alpes, le Jura et quelques massifs isolés incarne cette alliance entre rudesse du relief et grâce naturelle.

Un corps taillé pour la montagne

Le chamois est un capriné à la silhouette élancée. Il mesure entre 70 et 85 cm au garrot pour une longueur moyenne de 1,10 m et un poids variant de 25 à 50 kg selon le sexe et la saison. La femelle (chèvre) est légèrement plus fine et plus légère que le mâle.

Son pelage, brun-roux en été et noirâtre en hiver, s’épaissit considérablement à la mauvaise saison. Il se distingue par une raie dorsale sombre et des bandes faciales noires qui soulignent son regard vif. Mâles et femelles portent des cornes fines et noires, recourbées vers l’arrière, formant un crochet élégant. Elles sont annelées à la base et servent à estimer approximativement l’âge de l’animal.

Ses sabots fendus à coussinets souples lui offrent une adhérence exceptionnelle sur les pentes les plus abruptes. Le chamois est l’incarnation même de l’adaptation morphologique à la montagne.

Répartition en France et habitat

En France, le chamois occupe principalement les Alpes, le Jura, ainsi que quelques populations introduites dans le Massif central (Cévennes, Cantal). Son aire de répartition s’est étendue depuis les années 1970 grâce à des politiques de réintroduction et de protection, puis à une gestion cynégétique maîtrisée.

L’animal privilégie les zones de moyenne et haute montagne entre 800 et 2 800 mètres d’altitude. Il affectionne les pentes herbeuses, les éboulis, les crêtes ouvertes, les lisières forestières subalpines. L’hiver, il descend plus bas, cherchant des zones à neige peu profonde, souvent exposées au sud.

Régime alimentaire sélectif

Le chamois est un herbivore strict à tendance sélective. Son régime varie selon la saison :

  • Printemps et été : herbes fines, graminées, jeunes pousses, fleurs alpines, plantes pionnières.
  • Automne : rameaux de ligneux, feuilles mortes, herbacées tardives.
  • Hiver : ronces, aiguilles de conifères, bourgeons et lichens accessibles.

Son estomac, très efficace, lui permet d’extraire le maximum d’énergie d’une végétation souvent pauvre et sèche. Il se nourrit surtout à l’aube et au crépuscule, périodes où il se déplace en groupes sur les zones découvertes.

Reproduction : la rigueur du rut montagnard

Le rut du chamois se déroule entre la mi-octobre et la mi-novembre. Durant cette période, les mâles deviennent territoriaux et s’affrontent parfois violemment. Leurs cris rauques résonnent dans les combes et les pierriers. Ils poursuivent les chèvres avec acharnement, multipliant les bonds vertigineux.

La gestation dure environ 170 jours. Les mises bas ont lieu au printemps, souvent en mai. La femelle choisit une zone escarpée, protégée des prédateurs, pour mettre au monde un seul cabri, exceptionnellement deux. Ce dernier peut se lever une demi-heure après la naissance et suit sa mère dès les premières heures. Il passera l’hiver suivant en sa compagnie.

Les chamois vivent en troupeaux de femelles et de jeunes, tandis que les mâles adultes sont plutôt solitaires en dehors du rut.

Vie sociale et comportement

Le chamois est un animal diurne et crépusculaire, très sensible au dérangement humain. Sa vue perçante lui permet de détecter les intrus à grande distance. À la moindre alerte, il file vers des pentes inaccessibles avec une aisance qui force l’admiration.

En été, les troupeaux se forment sur les pelouses alpines. En hiver, ils se rassemblent dans les combes à l’abri du vent et du manteau neigeux trop épais. Sa fidélité au site est remarquable : les individus occupent les mêmes secteurs année après année.

Chasse et gestion cynégétique

Le chamois est une espèce soumise à plan de chasse obligatoire. Chaque prélèvement est encadré par des quotas départementaux. La chasse se pratique essentiellement à l’approche sur des terrains exigeants qui nécessitent condition physique, patience et précision.

La sélection des animaux repose sur des critères d’âge, de sexe et de densité locale. Les chasseurs aguerris savent lire la morphologie et le comportement des individus pour réaliser des tirs justes et responsables. Le tir du chamois est souvent considéré comme une chasse d’initiés, exigeante et noble.

Évolution des populations

Grâce à une gestion maîtrisée, les populations de chamois sont aujourd’hui stables ou en légère augmentation dans la plupart des massifs. Leur densité varie fortement selon les territoires, oscillant entre 3 et 10 individus pour 100 hectares d’habitats favorables. Les hivers rigoureux peuvent cependant entraîner des mortalités importantes, notamment chez les jeunes.

Le retour de certains grands prédateurs, comme le loup dans les Alpes, pourrait influencer à moyen terme leur dynamique démographique, en réintroduisant une pression naturelle.

Modes de chasse du chamois

  • Approche : mode privilégié, silencieux, technique, permettant d’évaluer précisément l’animal.
  • Affût : plus rare, utilisé sur certains passages connus.
  • Arc : réservé à des chasseurs expérimentés et très encadré.

La chasse du chamois exige une grande éthique, une connaissance fine du terrain et une capacité à estimer correctement l’âge et le sexe de l’animal.

Évolution des populations

Depuis les années 1990, les effectifs de chamois sont en hausse en France grâce aux réintroductions, à la protection dans les parcs naturels et à une régulation raisonnée. Dans certaines zones alpines, la densité atteint des niveaux élevés, nécessitant un suivi sanitaire attentif (notamment pour prévenir la kérato-conjonctivite infectieuse, qui peut provoquer des épizooties locales).

Le chamois reste un indicateur écologique précieux de l’état des milieux montagnards : sa santé et son abondance reflètent directement la qualité des alpages et des forêts subalpines.

FAQ — Chamois

Quelle est la différence entre un chamois et un chevreuil ?

Le chamois est un caprin de montagne, alors que le chevreuil est un cervidé de plaine. Le premier vit au-dessus de 800 mètres, a des cornes recourbées vers l’arrière, un pelage sombre et une morphologie adaptée à la verticalité. Le second est plus petit, porte des bois caducs et fréquente les lisières et bocages.

Quel est l’autre nom du chamois ?

On l’appelle rupicapre, du nom latin Rupicapra rupicapra. Ce terme est encore utilisé dans certains textes naturalistes et dans la chasse de montagne traditionnelle.

Où trouve-t-on des chamois en France ?

Principalement dans les Alpes et le Jura, ainsi que dans quelques massifs du Massif central grâce à des introductions. Ils vivent entre 800 et 2 800 mètres d’altitude, selon la saison et l’exposition des versants.

Quel est le nom de la femelle du chamois ?

La femelle du chamois est appelée chèvre. Elle vit en troupeaux avec ses jeunes et joue un rôle central dans la cohésion sociale du groupe.

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Rédacteur en chef, SoChasse

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