Un froissement d’herbes sèches, une ombre grise qui file à ras du sol… Dans les campagnes françaises, peu d’animaux sont aussi discrets, familiers et pourtant emblématiques que le lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus). Ce petit gibier, autrefois abondant au point de nourrir des centaines de milliers de personnes dans nos campagnes, a vu ses populations fluctuer considérablement au gré des maladies, des changements agricoles et des modes de gestion. Mais il reste un pilier historique de la chasse populaire et de l’équilibre écologique des plaines.
Un lagomorphe vif et robuste
Le lapin de garenne appartient à l’ordre des lagomorphes, et non des rongeurs, comme on le croit souvent.
- Taille : 35 à 45 cm.
- Poids moyen : 1,2 à 1,8 kg pour un adulte.
- Pelage : brun-gris, ventre plus clair, queue blanche très visible lorsqu’il détale.
- Museau mobile, oreilles moyennes (plus courtes que celles du lièvre), yeux latéraux offrant un large champ de vision.
Animal crépusculaire et nocturne, il reste caché le jour dans ses terriers ou les ronciers, n’émergeant qu’aux heures calmes pour se nourrir.
Répartition et présence en France
Originaire de la péninsule Ibérique, le lapin de garenne est aujourd’hui largement réparti dans toute la France métropolitaine, à l’exception de quelques zones de haute montagne et des massifs très boisés.
Il affectionne :
- Les plaines agricoles avec haies, friches, jachères,
- Les garrigues et coteaux secs,
- Les dunes littorales,
- Les zones bocagères offrant abris et ressources alimentaires.
Sa présence est étroitement liée à la qualité de l’habitat : la combinaison de zones ouvertes pour se nourrir et de couvert dense pour se protéger. La garenne (ensemble de terriers connectés) est au cœur de son organisation sociale.
Régime alimentaire
Le lapin est strictement herbivore. Son régime varie au fil des saisons :
- Printemps–été : herbes fraîches, jeunes pousses, trèfles, pissenlits, céréales en végétation.
- Automne–hiver : graminées sèches, feuilles mortes, bourgeons, écorces tendres.
- Il consomme également des plantes cultivées et participe activement au broutage des friches et des prairies.
Sa digestion repose sur la caecotrophie : il réingère une partie de ses crottes molles riches en nutriments, une stratégie qui lui permet d’optimiser sa ration dans les milieux pauvres.
Reproduction et cycle de vie
Le lapin est l’un des mammifères sauvages les plus féconds d’Europe.
- La période de reproduction s’étend de février à septembre.
- Une femelle peut avoir 3 à 5 portées par an, avec 3 à 7 lapereaux par portée.
- La gestation dure seulement 30 jours.
- Les jeunes naissent nus et aveugles dans une “rabouillère”, un terrier de mise bas séparé, soigneusement isolé.
Ils ouvrent les yeux au bout de 10 jours, sortent dès 3 semaines et atteignent leur maturité sexuelle vers 4 mois. Cette fécondité exceptionnelle permet au lapin de compenser une mortalité naturelle élevée.
Vie sociale et comportement
Le lapin de garenne vit en colonie organisée autour d’une garenne, système de terriers interconnectés.
- Un mâle dominant contrôle généralement un groupe de femelles et quelques subordonnés.
- Une hiérarchie stricte régit l’accès aux zones de nourrissage et aux terriers principaux.
- La communication repose sur des signaux corporels, des cris d’alarme et surtout des coups de pattes arrière, qui résonnent dans le sol pour prévenir du danger.
Très vigilant, il reste toujours à proximité d’un abri et se fie autant à son ouïe fine qu’à son champ de vision panoramique.
Santé et pressions naturelles
Deux maladies ont profondément marqué l’histoire récente du lapin en France :
- Myxomatose, introduite dans les années 1950, qui a décimé jusqu’à 90 % des populations dans certaines régions.
- VHD (maladie hémorragique virale) apparue dans les années 1990, tout aussi meurtrière.
Bien que des souches résistantes aient émergé, ces maladies continuent de peser sur les effectifs. À cela s’ajoutent :
- La prédation naturelle (renard, rapaces, mustélidés),
- Les changements d’usage agricole,
- Les sécheresses répétées dans certaines zones.
Statut cynégétique
Le lapin de garenne est une espèce gibier très ancienne. Sa chasse est possible dans toute la France, avec des réglementations variables selon les départements.
- Période de chasse : de septembre à février, parfois plus large dans certains départements classés en régulation.
- Espèce susceptible d’occasionner des dégâts agricoles, ce qui permet dans certaines zones une régulation complémentaire.
Il est chassé principalement en battue, au furet, au tir devant soi, ou au chien courant. Sur les territoires bien gérés, il reste l’un des gibiers les plus appréciés pour sa vivacité et la finesse de la chasse qu’il impose.
Évolution des populations
Les populations de lapins ont connu :
- Une explosion démographique au XIXᵉ et XXᵉ siècles,
- Un effondrement majeur après les épidémies de myxomatose,
- Une stabilisation localisée dans les zones bocagères et littorales.
Aujourd’hui, les effectifs sont très variables selon les régions :
- Populations abondantes dans l’Ouest, certaines garrigues méditerranéennes et zones littorales.
- Populations faibles dans le Nord et l’Est où les maladies ont laissé des traces durables.
- Des programmes locaux de repeuplement et de restauration de garennes naturelles permettent de consolider certains noyaux.
FAQ — Lapin de garenne
Où vit le lapin de garenne ?
Il vit dans toute la France, surtout dans les zones bocagères, les friches, les garrigues et les plaines agricoles où il creuse ses terriers (garennes). Il évite les forêts denses et les montagnes élevées.
Que mange le lapin de garenne ?
Il est strictement herbivore. Il consomme jeunes pousses, herbes fraîches, bourgeons, graminées et plantes cultivées, selon la saison.
Pourquoi les populations de lapins ont-elles chuté ?
Deux grandes maladies, la myxomatose et la VHD ont décimé les populations au XXᵉ siècle. Les changements agricoles et la prédation ont accentué ce déclin.
Le lapin de garenne est-il toujours chassé ?
Oui. C’est l’un des gibiers traditionnels les plus chassés en France. Sa chasse reste importante dans les zones où les populations sont stables, avec des pratiques qui vont de la battue à la chasse au furet.












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