Longtemps perçu comme un animal mythique des forêts françaises, le sanglier (Sus scrofa) est aujourd’hui au cœur d’un enjeu écologique majeur. En l’absence de prédateurs naturels, cette espèce a vu ses effectifs exploser, bouleversant les équilibres écologiques, agricoles et sanitaires. Dans ce contexte, le chasseur joue un rôle déterminant : protéger la biodiversité en régulant une espèce devenue trop nombreuse.
Le sanglier, un succès démographique devenu un problème écologique
Dans les années 1970, la population française de sangliers était estimée à environ 100 000 individus. Aujourd’hui, on dépasse les 2 millions d’animaux, avec une croissance annuelle de 20 à 30 % dans certaines régions. Plusieurs facteurs expliquent cette progression :
- L’adaptation exceptionnelle de l’espèce à tous les milieux, de la montagne à la plaine.
- L’augmentation des ressources alimentaires, notamment grâce aux cultures agricoles riches en maïs et en céréales.
- Des hivers plus doux, favorisant la survie des marcassins.
- Et la disparition des prédateurs naturels comme le loup sur une grande partie du territoire.
Sans régulation, le sanglier prolifère de manière exponentielle, causant des dégâts considérables à la nature et à l’agriculture.
Un impact direct sur les écosystèmes et les autres espèces
Le sanglier est un omnivore opportuniste. Il se nourrit de racines, de vers, de larves, de champignons, mais aussi d’œufs, de petits mammifères ou de reptiles. En fouillant le sol, il retourne la terre sur de vastes surfaces, détruisant les prairies naturelles et les zones de reproduction d’autres animaux.
Ces labours sauvages ont plusieurs conséquences :
- Destruction des nids d’oiseaux au sol, comme ceux de la caille, de la perdrix ou du râle des genêts.
- Perturbation des mares et zones humides, où il détruit les frayères d’amphibiens.
- Appauvrissement de la flore : en retournant la terre, le sanglier favorise certaines espèces pionnières au détriment des plantes rares ou endémiques.
Selon les études menées par plusieurs Fédérations départementales, dans certaines zones forestières du sud-ouest, jusqu’à 60 % des zones herbacées peuvent être dévastées par le passage répété de compagnies de sangliers. Ce déséquilibre touche toute la chaîne alimentaire.
Une menace économique et sanitaire
Les dégâts agricoles causés par les sangliers sont désormais évalués à plus de 80 millions d’euros par an en France, une somme principalement indemnisée par les chasseurs via leurs fédérations.
Maïs, blé, prairies, vignes, pommes de terre : rien n’échappe à leur appétit. Ces dégâts entraînent des tensions croissantes entre agriculteurs et monde cynégétique, d’où la nécessité de renforcer les prélèvements.
Sur le plan sanitaire, la situation n’est pas moins préoccupante. Le sanglier est un réservoir potentiel de plusieurs maladies transmissibles, comme la peste porcine africaine, la brucellose ou la trichinellose. La première, déjà présente dans plusieurs pays européens, pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur les élevages porcins français. Là encore, les chasseurs sont en première ligne pour surveiller, détecter et limiter la propagation de ces maladies.
Le chasseur, premier régulateur d’une espèce en déséquilibre
Le rôle du chasseur dans la régulation du sanglier n’a jamais été aussi crucial. Contrairement à certaines idées reçues, il ne s’agit pas d’“éliminer” l’espèce, mais de maintenir une population compatible avec les équilibres écologiques et humains.
Chaque année, ce sont plus de 800 000 sangliers qui sont prélevés en France, un record européen. Ces actions sont encadrées par les plans de chasse établis en concertation avec les Fédérations départementales, l’OFB, les agriculteurs et les services de l’État.
Les chasseurs mettent également en place des stratégies adaptées :
- Battues administratives dans les zones à forte densité.
- Tirs d’été pour limiter les naissances et stabiliser les effectifs.
- Tirs de nuit dans certains départements
- Suivi scientifique des populations à travers des prélèvements biologiques (dents, poils, poids, âge, etc.).
Ces données permettent d’ajuster les prélèvements chaque année, garantissant une régulation raisonnée et durable.
La régulation au service de la biodiversité
En limitant la surpopulation du sanglier, les chasseurs contribuent directement à la préservation d’autres espèces.
Là où la pression du sanglier diminue, on observe un retour des oiseaux de plaine, une meilleure régénération forestière et une augmentation de la diversité floristique.
Dans les Landes, par exemple, une étude menée sur plusieurs zones humides a montré qu’après trois ans de régulation intensive, la densité des anatidés nicheurs (canards, sarcelles) avait augmenté de 45 %, tandis que les zones d’herbacées détruites avaient été divisées par deux.
Le chasseur agit donc comme un régulateur d’équilibre : il préserve la santé des écosystèmes tout en limitant les risques économiques et sanitaires.
Le chasseur, sentinelle du territoire et partenaire des agriculteurs
La lutte contre les dégâts de sangliers repose sur une coopération constante entre chasseurs, agriculteurs et autorités locales.
Les chasseurs assurent des suivis de terrain toute l’année : repérage des traces, surveillance nocturne, installation de miradors, comptages au phare. Ils organisent aussi des formations sur la biosécurité, notamment pour prévenir la propagation de la peste porcine.
Ce rôle de veille environnementale dépasse largement le cadre de la chasse : c’est une véritable mission de service écologique rendu au territoire.












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