Pourquoi le chasseur, en régulant le ragondin, aide-t-il la biodiversité ?

Pourquoi le chasseur, en régulant le ragondin, aide-t-il la biodiversité ?

On entend souvent que le chasseur détruit la faune sauvage. Pourtant, dans de nombreux cas, il en est le protecteur le plus actif, notamment face aux espèces invasives. Le ragondin (Myocastor coypus), introduit en France à la fin du XIXe siècle pour sa fourrure, en est un exemple emblématique : un animal venu d’ailleurs, sans prédateur naturel, qui bouleverse nos milieux aquatiques et menace directement la biodiversité locale. Et ce sont bien les chasseurs qui, sur le terrain, jouent aujourd’hui le rôle de régulateurs indispensables.

Le ragondin : un envahisseur silencieux mais destructeur

Le ragondin se reproduit à une vitesse impressionnante : une femelle peut donner naissance à jusqu’à 30 petits par an. Présent dans presque tous les départements français, il occupe rivières, marais, canaux et zones humides.
Derrière son apparence inoffensive se cache un véritable fléau écologique. En creusant des galeries dans les berges, il provoque l’érosion des sols et la déstabilisation des talus. Son appétit insatiable pour les plantes aquatiques détruit les habitats des oiseaux d’eau, des amphibiens et des insectes aquatiques.

Un seul ragondin peut consommer jusqu’à 4 kg de végétaux par jour, et une colonie peut dévaster en quelques mois un marais entier. Résultat : disparition de la flore locale, assèchement progressif des mares et déséquilibre complet de l’écosystème aquatique.

Une menace pour la santé publique et l’agriculture

Au-delà de ses dégâts environnementaux, le ragondin représente aussi un risque sanitaire. Il est porteur de parasites et de bactéries, notamment la leptospirose, transmissible à l’homme et aux animaux domestiques. Les zones humides infestées deviennent ainsi dangereuses pour les promeneurs, les agriculteurs et les chiens.

Pour les exploitants agricoles, c’est une plaie quotidienne : les galeries creusées sous les digues et les fossés détruisent les systèmes d’irrigation et inondent les parcelles. En 2024, la Chambre d’agriculture de la Vendée estimait à plus de 2 millions d’euros les pertes agricoles causées par le ragondin dans le seul département.

Pourquoi la régulation par les chasseurs est indispensable

Contrairement à d’autres méthodes coûteuses ou inefficaces, la chasse du ragondin reste aujourd’hui le moyen le plus réaliste et le plus écologique pour limiter sa prolifération.
Les piégeurs agréés et chasseurs bénévoles, souvent regroupés au sein des fédérations départementales, effectuent un travail constant de régulation. Ce n’est pas une chasse de loisir : c’est une action de gestion environnementale au service de la biodiversité.

Comme le rappellent de nombreux experts, l’homme doit désormais jouer le rôle de prédateur dans des milieux où les équilibres naturels ont disparu. Sans cette intervention, le ragondin n’aurait aucun frein biologique et continuerait à coloniser les zones humides au détriment des espèces locales.

Exemple concret : dans les marais du Cotentin, les chasseurs ont régulé près de 80 000 ragondins en 5 ans, permettant le retour d’espèces rares comme la foulque macroule, la gallinule poule d’eau ou certaines libellules protégées.

Quand la régulation sauve les zones humides

Les zones humides sont parmi les écosystèmes les plus menacés d’Europe. Elles abritent une faune et une flore exceptionnelles, mais très sensibles aux déséquilibres.
En éliminant les ragondins, les chasseurs participent à restaurer la végétation aquatique et à stabiliser les berges, favorisant le retour d’espèces emblématiques comme la loutre d’Europe ou le butor étoilé.

Les fédérations des chasseurs travaillent souvent avec les Agence de l’eau, les Conservatoires d’espaces naturels et les collectivités locales pour coordonner ces opérations. Il ne s’agit pas de “tuer pour tuer”, mais de maintenir des équilibres écologiques dans des milieux où la nature seule ne suffit plus.

La chasse, un rempart contre les déséquilibres écologiques

Le cas du ragondin illustre parfaitement le rôle écologique et pragmatique du chasseur moderne. Il ne s’agit plus seulement de pratiquer une activité traditionnelle, mais de réparer les effets collatéraux de la mondialisation biologique.
Comme le rappellent les spécialistes, une espèce invasive n’est pas “méchante” par nature, mais elle devient dangereuse quand elle s’implante dans un environnement sans prédateur ni régulation naturelle.

Sans intervention, les écosystèmes s’uniformisent : quelques espèces prolifèrent, d’autres disparaissent. Le chasseur, lui, redonne de la place à la diversité. En éliminant les espèces invasives comme le ragondin, il sauvegarde les milieux d’origine et protège les espèces locales fragiles.

Le chasseur, acteur de terrain et protecteur discret

Ce rôle reste souvent méconnu, car il se joue loin des projecteurs. Pourtant, chaque année, des milliers de chasseurs et piégeurs consacrent du temps bénévolement à ces opérations de régulation. Ils surveillent, collectent des données et participent à la veille sanitaire nationale.
Cette présence humaine permanente dans les zones rurales et humides est précieuse : là où le chasseur disparaît, la biodiversité recule.

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Rédacteur en chef, SoChasse

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