Peut-on être à la fois garde-chasse et garde-pêche ?

Quelle est la différence entre un garde-chasse et un garde-pêche ?

La fonction de garde-chasse est centrée sur la protection de la faune terrestre, du gibier, des habitats naturels et de la réglementation cynégétique. En revanche, le garde-pêche veille à la surveillance des milieux aquatiques, à la préservation des espèces piscicoles et à l’application des règles de pêche en eau douce. Tous deux sont des agents de police de la nature, assermentés, souvent investis d’un rôle de police judiciaire dans le cadre de leurs missions.

La distinction repose donc sur le domaine d’intervention : forêt et plaine pour l’un, rivières, étangs et plans d’eau pour l’autre. Mais ces métiers partagent des compétences communes : connaissance du terrain, maîtrise de la législation environnementale, relation avec les usagers, surveillance et verbalisations en cas d’infractions.

Est-il possible de cumuler les deux statuts ?

Oui, il est tout à fait possible d’être garde-chasse et garde-pêche à la fois, à condition de réunir certaines conditions légales et administratives. Le cumul des fonctions est même relativement fréquent dans les territoires ruraux ou chez les gardiens privés, notamment dans les grandes propriétés ou dans certaines structures associatives.

Dans le cadre d’une activité professionnelle ou bénévole, une même personne peut obtenir un agrément de garde particulier pour la chasse et un autre pour la pêche. Il s’agit de deux assermentations distinctes, délivrées par le préfet du département, à la demande d’un détenteur de droits (société de chasse, AAPPMA, propriétaire foncier…).

Attention : les missions doivent être exercées dans le strict respect des délégations reçues, et les documents officiels (cartes, arrêtés, serments) doivent être séparés pour chaque fonction.

Quelles sont les conditions pour devenir garde-chasse particulier et garde-pêche particulier ?

Pour être garde-chasse particulier, il faut :
– Être désigné par un titulaire du droit de chasse (ex : propriétaire, association agréée),
– Suivre une formation agréée par l’OFB (Office Français de la Biodiversité),
– Prêter serment devant le tribunal judiciaire,
– Être agréé par le préfet,
– Ne pas avoir d’antécédent judiciaire incompatible.

Pour devenir garde-pêche particulier, la procédure est proche :
– Être mandaté par une AAPPMA (Association agréée de pêche),
– Réussir une formation réglementaire,
– Prêter serment,
– Recevoir l’agrément préfectoral,
– Intervenir sur les baux de pêche concédés par l’État ou les propriétaires privés.

Dans les deux cas, il est possible de suivre les deux formations et de prêter deux serments séparés. L’agrément de garde particulier polyvalent n’existe pas officiellement, mais un agent peut cumuler les deux statuts si chaque mission est clairement identifiée et si les droits surveillés sont légitimes.

Quels sont les droits et responsabilités d’un garde polyvalent ?

Un garde particulier assermenté – qu’il soit chasse, pêche ou les deux – a le droit de :
– Constater les infractions dans son domaine de compétence,
– Établir des procès-verbaux ayant valeur juridique,
– Demander la présentation des permis et autorisations (permis de chasse, carte de pêche…),
– Porter des insignes et une tenue réglementaire.

En revanche, il n’est pas agent de l’État (sauf exceptions en service public) et son champ d’action est limité à la zone définie dans son agrément préfectoral. Il ne peut pas intervenir sur l’ensemble du territoire national ou départemental. Sa mission est liée à un territoire privé ou à une entité spécifique.

Le garde polyvalent doit donc respecter strictement les limites de ses missions et ne pas excéder ses pouvoirs. En cas de manquement, il s’expose à une sanction disciplinaire ou judiciaire, voire à un retrait d’agrément.

Dans quels cas le cumul est-il le plus fréquent ?

Le cumul des fonctions de garde-chasse et garde-pêche se rencontre notamment dans :
– Les domaines privés de chasse et de pêche (étangs, bois, plans d’eau),
– Les syndicats mixtes gérant à la fois des zones boisées et des milieux aquatiques,
– Les grands territoires ruraux où une même personne assure la surveillance globale du patrimoine naturel,
– Les fédérations de chasse ou de pêche ayant besoin de polyvalence sur certaines zones.

Dans ces cas, la personne est généralement désignée garde particulier chasse par un détenteur du droit de chasse et garde particulier pêche par une AAPPMA ou un propriétaire de droits de pêche. Elle suit les deux formations, prête serment deux fois, et tient un registre séparé pour chaque activité.

Peut-on être rémunéré pour ces fonctions ?

Oui, mais de manière limitée. La plupart des gardes-chasse ou gardes-pêche particuliers exercent leurs fonctions à titre bénévole, notamment dans les associations. Toutefois, certains peuvent être rémunérés par un propriétaire privé, une société de chasse, une entreprise ou une collectivité territoriale.

Dans ce cas, le contrat doit respecter le droit du travail et la convention collective des gardes particuliers. Le cumul des fonctions chasse/pêche peut entraîner une rémunération spécifique pour chaque mission, proportionnelle au temps consacré et aux responsabilités confiées.

Attention : ce type d’emploi reste rare, et l’activité demeure souvent une passion plus qu’un métier, sauf pour les gardes techniques de l’OFB ou les agents de l’administration.

Quelle tenue et quel équipement pour un garde-chasse/garde-pêche ?

Le garde particulier peut porter une tenue réglementaire, un écusson officiel, et doit être porteur d’une carte d’assermentation pour chaque fonction. L’armement (ex : arme de service, matraque) n’est autorisé que sous conditions strictes, sur autorisation préfectorale et après formation spécifique.

En général, les gardes-chasse utilisent :
– Des jumelles, GPS, carnets de procès-verbal,
– Un brassard ou une veste floquée « garde-chasse particulier »,
– Des outils de surveillance nocturne (caméra, pièges photos),
– Un téléphone ou une radio pour alerter les services de police.

Les gardes-pêche disposent souvent de :
– Une barque ou d’un waders pour intervenir en zone humide,
– D’un épuisette, d’une perche, de matériel de relevé biologique,
– Et parfois de moyens d’analyse de la qualité de l’eau.

Le garde polyvalent doit donc adapter son équipement à ses deux missions, sans confusion ni dépassement de cadre.

Peut-on devenir garde-chasse et garde-pêche sans être propriétaire ?

Oui, cela est tout à fait possible. Pour être garde particulier, il suffit d’être mandaté par un titulaire du droit de chasse ou de pêche. Il n’est donc pas nécessaire d’être propriétaire soi-même. Un particulier peut par exemple :
– Être désigné par une association de chasse locale pour surveiller un lot communal,
– Être sollicité par une AAPPMA pour surveiller un étang ou une rivière,
– Proposer ses services à un propriétaire privé gérant un domaine mixte.

Il convient toutefois de souligner que l’engagement nécessite du temps, de la rigueur, une connaissance des espèces et des lois en vigueur.

Quelle formation suivre pour exercer les deux missions ?

La formation garde-chasse particulier et la formation garde-pêche particulier sont dispensées par des structures habilitées par l’OFB, parfois organisées par les fédérations départementales de chasse ou de pêche. Chacune dure en moyenne 2 jours et porte sur :
– La connaissance des espèces et des milieux,
– Le cadre juridique (Code de l’environnement, procédures),
– Les techniques de constatation des infractions,
– La tenue des registres et la rédaction des PV.

Le suivi des deux formations peut se faire en parallèle ou à quelques mois d’écart. Il est conseillé de valider chaque formation distinctement, car les missions sont différentes et nécessitent un savoir spécifique.

Y a-t-il des gardes professionnels cumulant les deux statuts ?

Oui, mais ils sont rares. Certains gardiens de domaine ou agents techniques employés par des châteaux, domaines de chasse privés ou réserves naturelles peuvent cumuler les deux statuts de manière professionnelle. Ils sont alors souvent chargés :
– De la gestion cynégétique (population, prélèvements),
– De la surveillance piscicole,
– De la lutte contre le braconnage,
– Et de l’entretien des milieux naturels.

Ce type de poste reste toutefois l’exception. Dans l’administration publique, les missions sont généralement séparées entre agents de l’OFB spécialisés en faune terrestre ou en milieux aquatiques.