Comment réagir devant la prolifération de lapins chez vous ?

Comment réagir devant la prolifération de lapins chez vous ?

Pelouses éventrées, cultures dévastées, arbres rongés, talus perforés : le lapin de garenne peut rapidement devenir un fléau lorsqu’il prolifère. Longtemps considéré comme une ressource cynégétique majeure, ce petit gibier est aujourd’hui à l’origine de dégâts agricoles et forestiers importants, notamment dans le sud de la France et certaines zones périurbaines. Alors, comment réagir face à cette surpopulation de lapins sauvages ? Quelles démarches effectuer ? Quels moyens sont autorisés pour réguler l’espèce ?

Pourquoi les lapins prolifèrent-ils dans certaines zones ?

La prolifération du lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus) repose sur plusieurs facteurs combinés :

  • Climats doux et hivers peu rigoureux
  • Multiplication des zones refuges (friches, talus, terrains vagues)
  • Moins de pression de chasse, surtout en zone périurbaine
  • Adaptabilité alimentaire et comportementale du lapin
  • Peu de prédateurs dans certains secteurs (rapaces, blaireaux, renards)

Dans les zones agricoles, les garennes se développent à proximité des haies, des canaux ou des zones embroussaillées, où les terriers se multiplient et la reproduction devient incontrôlable.

Quels sont les dégâts causés par les lapins sauvages ?

Le lapin sauvage est un animal fouisseur, prolifique, et particulièrement vorace. Il peut occasionner :

  • Des dégâts aux cultures : céréales, jeunes pousses, semis, vignes
  • La destruction des prairies par broutage excessif
  • Des dommages forestiers, notamment aux jeunes arbres
  • Des risques d’éboulement ou de fragilisation de talus par ses galeries
  • Des conflits de voisinage en zone périurbaine (jardins dévastés)

En cas de prolifération massive, les conséquences économiques peuvent être lourdes, en particulier pour les agriculteurs et les collectivités territoriales.

Le lapin de garenne est-il classé nuisible ?

Non. Le lapin de garenne ne fait pas partie des espèces susceptibles d’occasionner des dégâts (ESOD) au sens du Code de l’environnement. Il reste un gibier soumis aux règles générales de la chasse. Cela signifie qu’on ne peut pas le détruire n’importe comment ni n’importe quand.

Cependant, des dérogations peuvent être accordées, au cas par cas, en cas de dégâts importants et répétés.

Que faire en cas de prolifération de lapins ?

1. Faire constater les dégâts

Avant toute chose, il est essentiel de documenter la situation :

  • Prendre des photos des dégâts sur les cultures, haies ou installations
  • Réaliser un constat amiable avec un représentant de la chambre d’agriculture, un garde-chasse ou la fédération départementale des chasseurs
  • Si possible, estimer l’ampleur de la population (terriers, crottes, passages)

Cette étape est nécessaire pour toute demande de régulation exceptionnelle.

2. Contacter la DDT(M) ou la préfecture

En cas de nuisances avérées, il faut formuler une demande écrite à la Direction Départementale des Territoires (ou de la Mer) ou directement à la préfecture. La demande doit mentionner :

  • L’identité du propriétaire ou exploitant
  • La localisation des terrains concernés
  • La nature des dégâts
  • La solution envisagée (piégeage, tir, furetage)

La préfecture peut alors autoriser la régulation hors période de chasse, sous conditions.

3. Faire appel aux chasseurs ou à la société de chasse locale

Dans de nombreux cas, la régulation du lapin sauvage peut être assurée par la société de chasse locale. Cela suppose :

  • Que le territoire soit soumis à un plan de chasse
  • Que le propriétaire autorise les chasseurs à intervenir
  • Que les chasseurs puissent agir dans le respect des dates et modalités légales

La chasse au lapin se pratique généralement du 4e dimanche de septembre au dernier jour de février, selon arrêté préfectoral.

Quels moyens sont autorisés pour réguler le lapin ?

Les modes d’intervention légaux dépendent de la saison, du type de terrain et de l’autorisation préfectorale éventuelle.

En période de chasse

Hors période de chasse (sur autorisation)

  • Furetage sous dérogation
  • Tir de nuit ou en enclos fermé, encadré strictement
  • Piégeage avec agrément préfectoral

Toute destruction illégale est passible d’une amende de 4e classe et de saisies administratives.

Peut-on faire appel à un piégeur agréé ?

Oui. Si vous n’êtes pas chasseur, vous pouvez faire intervenir un piégeur agréé, inscrit auprès de la préfecture. Ces personnes ont suivi une formation et possèdent un numéro d’agrément préfectoral.

Elles peuvent poser des pièges (collets, boîtes tombantes, filets…) sans armes à feu, mais uniquement dans le respect des espèces piégeables et des périodes autorisées.

La stérilisation ou le déplacement est-il autorisé ?

Non. En France, il est interdit de déplacer un animal sauvage vivant sans autorisation expresse. De même, il n’existe aucun programme de stérilisation des lapins en milieu ouvert. Les seuls moyens reconnus sont :

  • La chasse
  • Le piégeage
  • Le furetage

La destruction des garennes (rebouchage, débroussaillage) peut aussi contribuer à diminuer la population, mais doit être faite hors période de reproduction.

Quelle est la responsabilité du propriétaire foncier ?

Le propriétaire ou l’exploitant d’un terrain est responsable de l’entretien de son domaine. En cas de prolifération incontrôlée de lapins, il peut être tenu :

  • D’autoriser la régulation
  • D’intervenir directement ou indirectement
  • De limiter l’accès aux zones de refuge (haies, broussailles)

Il peut aussi être amené à rembourser des dégâts causés sur les terrains voisins, si une inaction prolongée est constatée.

En résumé : que faire face à une invasion de lapins sauvages ?

SituationQue faire ?Autorisation requise ?
Dégâts légersContacter la société de chasse localeNon
Dégâts répétés ou massifsDemande de régulation à la préfectureOui
Terrain non chasséSolliciter un piégeur agréé ou autorisation spécialeOui
En zone urbaine ou périurbaineIntervenir avec autorisation préfectoraleOui
Hors période de chasseRégulation possible sur dérogationOui

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Rédacteur en chef, SoChasse

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