Qu’est-ce que la chasse à courre ?
La chasse à courre, aussi appelée vènerie, est un mode de chasse ancestral qui consiste à poursuivre un animal sauvage à l’aide d’une meute de chiens de chasse et de chevaux. Certains équipages suivent également à pied ou en vélo. Contrairement à la chasse à tir, elle ne repose pas sur l’usage de l’arme à feu mais sur la capacité des chiens, accompagnés de veneurs, à mener la poursuite (appelé laisser courre) jusqu’à l’épuisement de l’animal chassé.
En France, cette pratique de la chasse reste autorisée et strictement encadrée par le code de l’environnement. Elle se distingue d’autres types de chasse comme la chasse en battue ou la chasse au vol. L’acte de chasse en vènerie s’achève traditionnellement par l’hallali, un moment solennel marqué par la mise à mort de l’animal (uniquement pour le cerf et les grands sangliers). Les autres animaux (renards, lièvres, lapins, chevreuils sont pris par les chiens).
Pourquoi la chasse à courre est-elle controversée ?
La chasse à courre divise quelque peu l’opinion publique. Pour ses défenseurs, elle représente un patrimoine culturel unique, témoin de traditions multiséculaires. Elle conserve l’héritage du moyen âge et de l’ancien régime, où rois et nobles organisaient de grandes chasses dans les forêts royales.
Mais pour ses opposants, la vènerie incarne une cruauté inutile envers la faune sauvage. Des propositions de loi visant à interdire la pratique sont régulièrement déposées à l’Assemblée nationale. Les associations de défense du bien-être animal dénoncent l’impact sur la faune sauvage, le stress infligé aux animaux sauvages et les troubles causés aux riverains. De fait, ces arguments sont mensongers car un équipage lance et poursuit un seul animal. Il n’est d’ailleurs par rare que des hardes de cervidés regardent la meute passer à distance sans stress. S’agissant des troubles causés par les riverains, ils sont relayés principalement par des activistes anti chasse situés autour de Paris qui se positionnent sur les routes et les chemins pour freiner le bon déroulé de la chasse. Ces moments sont ensuite relayés sur les réseaux sociaux avec des montages dévalorisant ce mode de chasse.
Cette controverse s’est intensifiée au XXIe siècle, à l’heure où la société française s’interroge sur le rôle de la chasse et sur la cohabitation entre homme, nature et animaux.
Quels animaux sont chassés à courre ?
La vènerie cible plusieurs espèces de gibier :
- Le cerf, symbole de la grande chasse par excellence nécessitant des droits de suite importants pour pouvoir poursuivre l’animal sur plusieurs dizaines de kilomètres.
- Le chevreuil, plus petit mais rapide et rusé.
- Le renard, habile, rusé profitant de nombreuses cachettes sur terre ou sous terre pour échapper à la meute.
- Le sanglier, animal mythique, rude qui fait fasse au chien en fin de parours
- Le lièvre, emblématique chassé à pied à vélo
- Le lapin, animal chassé avec l’aide de beagles notamment
Chaque animal de chasse demande une organisation spécifique et mobilise une meute de chiens adaptée.
Comment se déroule une chasse à courre ?
Une journée de chasse à courre suit un rituel bien précis.
- Le matin, l’équipage se réunit avec ses chiens, chevaux et veneurs.
- Le limier part en forêt à la recherche des traces laissées par l’animal poursuivi (pour le cerf et le sanglier).
- Après l’identification de la voie, les chiens sont découplés.
- La poursuite s’engage à travers forêts, bois et champs.
- Les trompes de chasse résonnent pour guider les chevaux et les chasseurs.
- Après un parcours plus ou moins long, l’animal sauvage est parfois pris et le plus souvent il échappe aux veneurs (1 prise pour 4 chasses).
La meute est au cœur de l’action. Les chiens de race anglo français tricolore, poitevin ou harriers ont des aptitudes naturelles importantes pour suivre l’odeur du gibier sur plusieurs kilomètres.
Quelle est l’histoire de la chasse à courre ?
La chasse à courre plonge ses racines dans le moyen âge, lorsque la noblesse s’appropriait les forêts royales. Sous l’ancien régime, elle devient un art codifié, avec costumes, musiques et hiérarchie. François Ier, grand amateur de chasse, impose des règles qui structurent la vènerie française.
Au XIXe siècle, malgré la Révolution et la disparition des privilèges, la pratique se maintient grâce à de nouveaux équipages composés de bourgeois passionnés. Le XXe siècle voit la vènerie se démocratiser, s’ouvrir à un plus grand public et s’organiser autour de la fédération française de vènerie plus communément appelé société de vènerie.
Aujourd’hui encore, la chasse à courre reste considérée par ses adeptes comme un plaisir, un art et une tradition à part entière, bien que souvent critiquée.
Quels sont les types de chasse à courre ?
On distingue plusieurs types de chasse :
- La chasse à courre classique (poursuite d’un cerf, d’un chevreuil ou d’un sanglier) à cheval et à vélo.
- La chasse à courre du lièvre, du lapin et du renard pratiquée le plus souvent à pied.
Quelles sont les règles de la chasse à courre ?
La réglementation de la vènerie est stricte. Elle figure dans le code de l’environnement et impose :
- La possession d’un permis de chasse valide.
- L’adhésion à une association ou un équipage reconnu.
- Le respect des périodes d’ouverture et de fermeture fixées par arrêté préfectoral.
- Des règles de sécurité pour la circulation des chevaux, chiens et chasseurs.
La vènerie est donc une pratique de la chasse encadrée par la loi, même si certains demandent son interdiction au nom du respect du bien-être animal.
Les équipages de chasse à courre en France
La France compte encore près de 390 équipages de vènerie, répartis sur tout le territoire. Parmi les plus connus :
- L’équipage Vènerie du Berry (Indre-et-Loire), spécialisé dans le cerf
- L’équipage de la Futaie des Amis situé dans la forêt de Compiègne
- Le Rallye Tempête, dédié au chevreuil en Seine-et-Marne
- Le rallye Bretagne équipage mythique de la forêt de Paimpont
Chaque équipage possède ses chiens de chasse, ses tenues ses sonneurs à la trompe de chasse et ses suiveurs
La chasse à courre à l’étranger
La vènerie n’est pas uniquement française.
- Au Royaume-Uni, la pratique a été en grande partie interdite par le Hunting Act en 2004, mais certaines formes subsistent (drag hunting).
- En Irlande et en Espagne, la chasse à courre reste autorisée sous certaines conditions.
- Aux Etats-Unis, des équipages persistent et chassent notamment le lièvre, le cerf et le coyote
Ces différences illustrent le rapport contrasté que chaque nation entretient avec la faune sauvage et la pratique de la chasse.
Les arguments des défenseurs et des opposants
Les défenseurs soulignent que la vènerie est un mode de chasse respectueux, qui ne fait pas usage d’arme à feu et permet à l’animal de s’échapper et d’user de tous ses sens. Ils insistent sur l’importance culturelle, historique et patrimoniale.
Les opposants, eux, dénoncent une cruauté envers l’animal poursuivi, une souffrance inutile et une pratique réservée à une minorité. Ils demandent au législateur d’interdire la pratique au nom du bien-être animal et de la conservation de la nature. Pour le moment les requêtes font flops!
La chasse à courre aujourd’hui : tradition ou avenir incertain ?
La chasse à courre reste une pratique encadrée, pratiquée par environ 100 000 passionnés en France. Elle continue d’attirer des spectateurs, des critiques et des débats politiques.
Dans un monde où la régulation des espèces, la biodiversité et la cohabitation entre faune sauvage et activités humaines sont des enjeux centraux, la vènerie doit prouver sa légitimité.
Le débat est loin d’être clos : la tradition peut-elle survivre face aux évolutions de la société française et aux appels croissants à la protection des animaux ? Pour le moment la réponse est oui!





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