En France, le chiffre des sangliers tués progresse depuis des années au rythme des prélèvements réalisés pendant la saison de chasse. Selon les tableaux de chasse et les bilans nationaux, on parle régulièrement d’un volume annuel qui flirte avec la barre des 800 000 sangliers. Ce total, à voir comme un ordre de grandeur, reflète à la fois l’augmentation de la population et l’effort de régulation demandé aux chasseurs face aux dégâts agricoles et aux collisions routières. D’une année à l’autre, la tendance peut varier (légère baisse après une saison précédente plus forte, ou hausse lors d’une bonne reproduction), mais le nombre global reste élevé, avec une présence désormais forte dans une grande partie du territoire.
Population de sangliers : une dynamique qui s’installe
La prolifération du gros gibier tient à plusieurs facteurs : hivers plus cléments, abondance de nourriture (chênaies à glands, cultures de maïs), mosaïque d’habitats boisés, absence de grands prédateurs sur de vastes zones, et forte capacité de reproduction. Cette dynamique de population a généré une hausse historique du nombre de sangliers observés et prélevés. Localement, on note des oscillations : maladies (peste porcine africaine dans les pays voisins), niveau de régulation, pression de chasse variable, fragmentation des territoires par les routes et infrastructures. Au final, la France reste confrontée à une augmentation moyenne sur le long terme, ponctuée de « respirations » de baisse.
Quels départements tuent le plus de sangliers ?
Si l’on regarde les sangliers abattus par département, plusieurs territoires se détachent régulièrement selon les rapports et liens publiés par les structures nationaux et fédérations :
- Gard : souvent cité comme Gard premier département en volume, porté par des milieux méditerranéens boisés, garrigues et vignobles. La présence du sanglier y est très élevée, soutenue par une densité favorable.
- Loir-et-Cher : le couple Loir / Cher (on le retrouve dans « Loir et Cher ») figure parmi les zones de grand prélèvement en Sologne et franges solognotes, où la matrice forêt–agriculture est propice.
- Hérault et Finistère : le sud méditerranéen et l’Ouest océanique (bocage, haies, massifs littoraux) affichent aussi des records locaux.
- Haut-Rhin / Rhin : l’Alsace vit une cohabitation ancienne avec l’animal et des volumes notables, notamment dans les piémonts vosgiens.
- Lot, Corse (Haute-Corse, Corse-du-Sud) : contextes très boisés et reliefs qui rendent la battue efficace mais exigeante.
- Ardèche : on évoque régulièrement les sangliers tués en Ardèche dans des secteurs à densité forestière élevée.
Ces exemples varient selon la saison et le compte final, mais dessinent une carte où Méditerranée, façade atlantique et grands massifs forestiers tiennent le haut de l’affiche.
Quelle saison de chasse au sanglier (et que dit la saison 2023-2024) ?
La chasse en France au sanglier s’étale classiquement de l’automne au cœur de l’hiver, avec des dates d’ouverture/fermeture fixées par arrêtés préfectoraux et modulées selon la région. La saison 2023-2024 a confirmé un volume élevé de prélèvements de sangliers, avec des départements déjà cités en tête. Certaines zones ont connu une baisse relative (sécheresse, mortalité estivale, moyen fourrager), d’autres une hausse significative. Au final, les tableaux de chasse nationaux reconduisent la proximité de la barre des 800 000 sangliers.
Impacts et régulation de la population
Les problèmes liés aux sangliers sont bien identifiés : dégâts causés par les sangliers sur les cultures (maïs, prairies, vignobles), accidents de voiture, dégâts aux milieux sensibles, coûts pour les agriculteurs. La régulation de la population par la chasse est l’outil central : ajustement des plans, intensification des battues, interventions ciblées à la demande des mairies ou propriétaires. Certains plaident pour diversifier les leviers (clôtures, effarouchement, adaptation des pratiques agricoles, rétablissement d’îlots de quiétude forestiers pour canaliser les animaux). La situation reste très locale : un département peut « exploser » pendant que son voisin se stabilise.
Que faire de la viande de sanglier ?
Avec des congélateurs pleins après les week-ends de battue de sangliers, la question de la transformation de la viande se pose. Deux axes forts :
- Circuits courts : distribution locale, associations, bouchers de viande de gibier, restaurants engagés. Cela crée de la valeur, limite les transports, fait découvrir une viande de sanglier saine et savoureuse (bien parée, maturée).
- Structuration : hygiène, traçabilité, ateliers mobiles, formation des chasseurs au dépouillement et au parage. En lien avec les fédérations, on voit émerger de nouveaux services pour mieux valoriser l’animal sauvage dans l’assiette.
Comment se déroule la chasse au sanglier ?
Le cœur du dispositif, c’est la battue de sangliers :
- Plan de chasse et sécurité : affichage clair, postes matérialisés, angles de tir, radios, gilets haute visibilité.
- Lecture du terrain : coulées, souilles, gagnages, comptages sur hectare pour estimer la densité.
- Chiens & traque : meutes adaptées aux biotopes (garrigues du Gard, pentes cévenoles, Sologne du Loir et Cher), conduites par des traqueurs expérimentés.
- Tir & récupération : calibres adaptés, tir « plein travers » uniquement, recherche au sang si besoin.
Cette mise en œuvre explique la performance française en prélèvements, tout en abaissant le risque d’accident.
Pourquoi le total reste-t-il « haut » ?
Parce que les conditions naturelles et humaines entretiennent la prolifération du gros gibier :
- Hivers doux = meilleure survie des portées ;
- Cultures céréalières = ressources abondantes ;
- Couvert massif (friches, taillis) = refuges ;
- Urbanisation diffuse = corridors et jardins attirants ;
- Prix des indemnisations agricoles = incitation à maintenir un effort soutenu.
Même si le dernier rapport affiche parfois une baisse locale, la courbe de fond reste haute, et le besoin d’adapter la régulation se poursuivre.
Focus départemental : Gard & Loir-et-Cher
- Gard : mosaïque garrigues/forêts, accès rapides aux cultures, relief accidenté. Les chasseurs y signent des records de prélèvement, ce qui explique sa place récurrente au sommet.
- Loir-et-Cher : centre névralgique de la Sologne, espace boisé riche en gibier, densité d’animaux élevée, réseaux de fédération départementale très actifs.
Mentionnons aussi Hérault, Finistère, Haut–Rhin, Lot, Corse : autant de cas où présence et densité tirent les volumes vers le haut.
Et demain ?
Le défi consiste à garder l’équilibre entre faune sauvage et activités humaines :
- Mieux voir et mesurer (comptages, indicateurs standardisés par département) ;
- Ajuster les prélèvements au plus près du terrain ;
- Renforcer la prévention (accidents de voiture, routes et points noirs) ;
- Déployer davantage de circuits courts pour valoriser la viande de gibier ;
- Travailler avec les collectivités pour protéger les cultures et réduire les dégâts.
Les animaux font désormais partie du quotidien de millions de Français ; il s’agit moins d’« éradiquer » que de maintenir un niveau compatible avec l’agricole et la sécurité publique.












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