R8 Long Range : la Blaser des chasseurs exigeants

Journaliste SoChasse

Marque

Blaser

Produit

R8 Long Range

Note de la rédaction

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R8 Long Range : la Blaser des chasseurs exigeants
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J’ai découvert la Blaser R8 Long Range au mois de mars 2015 chez RWS au cours d’une présentation de matériels, puis nos chemins se sont recroisés à Ulfborg sur le pas de tir 600m. L’engin m’a intéressé: précis, puissant totalement différent des armes tactiques qui tirent le plus souvent cette puissante cartouche. Je voulais en savoir plus. Blaser m’en a prêté une afin que je voie plus loin.

Description et présentation simplifiée

La Blaser R8 Long Range est disponible en deux finitions: la première de type Professional Success Leather s’adresse au chasseur adepte des tirs à grandes distances, la seconde à crosse réglable GRS en lamellé collé, se destine à celui qui tire plus qu’il ne chasse et bénéficie d’un stand de tir où la distance dépasse les 500m. Nous nous intéresserons à la Professional Success.

Mécanique et canonnerie

Comme toutes les R8, la Blaser Long Range se compose de 4 groupes d’éléments distincts et interchangeables: le transporteur, sa culasse et ses rails de guidage, le canon spécifique, le bloc chargeur/détente amovible et surtout, ce qui autorise cette modularité, le chassis crosse sur lequel s’adaptent les précédents éléments. J’en profite pour rappeler que si R8 et R93 sont d’une conception semblable, la R8 ne possède aucune pièce commune avec la R93 sauf la bretelle et le montage de lunette. Elle est considérablement renforcée et beaucoup plus sûre. Elle peut employer des munitions de l’acabit du 500 Jeffery (12,7×70 Schüler) ou comme c’est le cas pour la R8 LR de la 338 Lapua.

En dehors des modifications spécifiques du magasin et de la tête de culasse, la Blaser Long Range se distingue par un canon de 68,5 cm pour exploiter le potentiel de la cartouche de 338 Lapua et en tirer la vitesse la plus élevée possible. On note que malgré cette longueur de canon conséquente la R8 LR reste compacte grâce à sa conception sans boîtier de culasse.  

Pour atténuer le choc contre l’épaule du tireur/chasseur et compenser le relèvement, le canon de notre R8 est doté d’un frein de bouche amovible. Au niveau du frein de bouche le tube mesure 19 mm se qui le classe comme « semi-weight ». Une bonne idée au cas où le chasseur serait obligé d’utiliser son arme sans le frein de bouche. Le tube est obtenu par martelage à froid chez Blaser à Isny. Il est équipé sur notre arme d’une visée fixe de secours typiquement Blaser. Nous ne nous étendrons pas.

Le système de verrouillage reste basé sur le verrou radial, considérablement modifié sur les R8, renforcé, amélioré pour en augmenter la fiabilité et la sécurité.

La tête de culasse, plus longue que sur la R93, assure un meilleur guidage, centrage et tenue de la cartouche dans la chambre.

La culasse est reliée au transporteur de façon plus rigide à l’aide un épais tenon. Deux petits tenons « béquille » viennent prendre appui sur le renfort en acier à l’arrière du boîtier. Ils réduisent, voir interdisent le risque d’arrachement de la culasse en cas de problème de pression. Ils nécessitent l’action délibérée du tireur sur le levier d’armement pour s’effacer. Ce mouvement du levier de culasse est responsable de quelques ratés fumeux qui ont fait enrager de nombreux utilisateurs de R93 passés à la R8.

Le bloc sous garde/détente/magasin qui se verrouille sur la carabine grâce à deux verrous latéraux a été  modifié pour permettre d’y loger les cartouches de 338 Lapua dont les balles sont longues et effilées. Il contient deux cartouches. Sa face intérieure avant reçoit un petit insert en matériau souple rouge orangé pour protéger le chargeur, la pointe des balles et améliorer l’alimentation. Ca fonctionne!

Sur la version essayée, destinée à la chasse, Blaser à choisi de monter le bloc détente classique dont le poids de départ est réglé à 900g environ. Très suffisant pour exploiter la précision du couple arme munition tout en restant dans des normes sécuritaires, réduisant le risque de départ involontaire.

Le châssis crosse Professional Success

Plus que toute autre chose c’est l’ensemble chassis crosse qui donne à la Professional Leather, de quelque calibre elle soit, son indéniable séduction. Stan Maes, le designer de la crosse a parfaitement réussi sa copie en offrant un trou de pouce de grande dimension qui facilite l’utilisation de la carabine et un busc bien adapté à une utilisation mixte, visée fixe/visée optique.

Le matériau synthétique reste agréable au touché, qu’il fasse froid ou chaud. Les inserts en cuir traités apportent plus de confort à la joue du tireur tout en offrant « a touch of class » diraient nos voisins de la perfide Albion.

Renseignements pris auprès de connaissances qui utilisent des Professional Success Leather depuis leur sortie, les inserts cuir tiennent la distance et demandent un entretien limité.

Déjà, lors d’un précédent essai, c’est ce châssis crosse Professional Success qui m’avait fait apprécier cette R8 Professional Success. Prise en main, tenue, contrôle de la carabine, même en tir couché ou sur appui, tout dans la conception de cette crosse encourage le tireur à s’appliquer. Important pour une carabine de chasse destinée à être employée pour des tirs de longueur.

Pas un grand fan des crosses à trou de pouce en action de chasse sur une arme à verrou, linéaire ou pas, j’ai du modérer mon avis, particulièrement lorsqu’il s’agit de tir posé avec un calibre conséquent.

Ce type de crosse, s’il est bien conçu comme c’est le cas ici, aide le tireur à contrôler son arme lors du tir. Malgré le choc conséquent des 338 Lapua, surtout avec les balles de 300gr, la main ne souffre absolument pas du recul. De plus la crosse reste parfaitement adaptée à un tir « instinctif’ à la visée fixe si le besoin s’en fait sentir.

Tous ceux à qui j’ai fait essayer cette Professional Success en 338 Lapua, y compris les novices, ont trouvé sa prise en main très agréable et le contrôle de la carabine aisé. C’est ce qu’on demande à une crosse.

Essais de tirs

En mars dernier, chez RWS, j’avais pu découvrir les deux versions de la R8 LR et bruler une trentaine de cartouches dans le stand de tir couvert à la distance de 500 mètres. Les groupements, de l’ordre d’une demi-moa, m’avaient surpris et impressionnés.

Cette R8 Long Range est extrêmement précise, la détente est excellente. Le recul atténué par le frein de bouche, le poids de l’arme et de sa Zeiss V8 2,5-20×56 ainsi que par la crosse bien dessinée, s’apparente à celui du 308 Winchester à balle de 11,7g.

Au Danemark en juin, en tir couché au sac ou au bipied à la distance de 600m, 95% de mes tirs touchent la petite cible « pop up » dont la dimension est d’environ 18 cm (un peu moins) malgré le vent fort et irrégulier qui souffle sur ce stand très proche de la mer du Nord. Les Norma Match à balles de 300gr dérivent peu. Cette fois aussi je constate l’efficacité du frein de bouche lors du tir rapide de plusieurs chargeurs.

Dans les deux cas la lunette est une excellente Zeiss Victory V8 2,5-20 sans ASV. C’est aussi cette lunette qui équipe la R8 que m’a livré lla marque.

Comme le 338 Lapua est destiné à l’origine à tirer jusqu’à 1500 mètres j’ai amené le bestiau en Haute Loire sur un pas de tir complexe à souhait, en raison des angles de tirs négatifs et des vents fréquents et irréguliers qui soufflent dans les vallons, en particuliers entre les pas de tir 900 et 1300m. J’ai au préalable réglé la Zeiss V8 à 200m à la Fare les Oliviers. Le chrono et l’ordinateur me donnent les corrections pour 600m et un rapide calcul m’indique que la plage de réglage de la lunette sera bonne jusqu’à 1000 ou 1100 m suivant la température, la pression atmosphérique et l’hygrométrie ambiante. C’est parti.

Nous installons nos cibles C50 à 600 m ainsi que des petits gongs en acier spécial de 5, 10 et 15 cm. Eric installe sa camera Wifi qui autorise deux tireurs à utiliser la même cible en cas de besoin. Pour le tir à plus de 900m seuls des gongs de 50×50 sont utilisés car il faut plus de 20mn pour aller aux cibles, le terrain n’autorisant pas une bonne transmission Wifi.

Deux cartouches suffisent pour toucher le gong de 15 cm et confirmer le réglage. Le chrono de Jean confirme les vitesses et la régularité de mon lot de Partizan PPU qui font mieux que les Target Elite qu’il tire ce matin la avec sa TRG 42.

Avec Jean François un ami, jeune, vaillant, traqueur à ses heures, chasseur passionné et efficace mais aussi fin tireur nous tirons environ 80 cartouches de 338 Lapua en intercalant entre les séries près de 500 coups de 6,5×55 et 7-08.

L’ensemble Blaser R8 LR, Zeiss V8 et les munitions de 338 Lapua confirment leur efficacité jusqu’à 1000 m malgré un vent violent qui fait prendre entre 6 et 8 minutes d’angle en correction latérale. Une fois de plus, révélateur pour le tireur, ma 6,5×55 boostée fait presque la même chose dans un plus grand confort. Seuls l’impact sur le gong et l’épaule et un peu plus dérives font la différence.

Vers 15h30 les épaules commencent à souffrir et le mal de crane fait son apparition sous l’effet cumulé du recul et de l’onde de choc générée par le frein de bouche.

Ce dernier montre sa limite en tir couché au sac imitant une action de chasse rapide qui ne laisse pas le temps de s’installer comme il faut. Le sable et la poussière soulevée au départ du coup sont gênants pour doubler. Le vent aidant, tireur et carabine ressortent poussiéreux. Au Danemark sur l’herbe rase ce détail n’était pas flagrant.

Trois coups sans frein de bouche rappellent au tireur que la 338 Lapua n’est pas une 243. Toutefois en action de chasse, si on est obligé de le retirer (souvent le cas en Afrique), la Blaser reste tirable et maitrisable, plus confortable en tout cas que ma vieille Sako TRS de 3,6kg. En fait cette R8 est faite pour le modérateur de son…

Avec quelques milliers de cartouches tirées depuis 1997 dans différentes armes en 338 Lapua ce test confirme encore que, quelque soit le calibre, même si certains tiennent mieux le vent que d’autres, la dérive est toujours la.

Pour le chasseur qui ne tire pas souvent ça reste le facteur déterminant en tir de chasse à longue distance. Et 338 Lapua ou pas il sera nécessaire de s’entrainer. La ça se corse, les pas de tir longue distance sont très rares…

Par contre la R8 confirme la bonne impression qu’elle m’a donnée lorsque je l’ai découverte tout comme elle impressionnera par sa précision et la qualité de l’ensemble mes trois acolytes présents lors des tirs.

La R8 Long Range: Pour qui? Pour quoi?

Pour qui? Pour tous ceux qui ont envie de posséder cet « engin » hors normes à des fins cynégétiques, chassent des gibiers lourds ou difficiles à approcher ou qui veulent se démarquer du commun des Nemrod tout en ayant les moyens financiers. Il faut garder à l’esprit que cette arme ne se justifie qu’avec une lunette adéquate et que l’ensemble a un prix conséquent.

Pour quoi? Pour tous les gibiers en fonction des distances de tir et des balles employées mais à l’origine voulue pour le tir des grands cervidés, grands antilopes africaines, zèbres, gnous, grandes chèvres et grands mouflons à des distances considérables pour le commun des chasseurs.

Mais attention, n’allez pas croire que le 338 Lapua fera de vous un meilleur « tueur » si vous ne vous entrainez pas.

Plus encore que des calibres moins puissants il nécessite l’emploi de balles adaptées, capables de se comporter efficacement de 200 à 800m et ce genre de projectile coute cher.

D’autre part le chasseur qui sait se servir d’un logiciel balistique vérifiera que lorsque la 338 Lapua est tirée dans une carabine de chasse avec un tube de longueur raisonnable, disons 66 cm, avec une balle balistiquement égale à celle d’un calibre 7mm ou .30 à des vitesses proches et réalistes les trajectoires et la dérive seront plus ou moins égales.

Dans le cas de 3 balles de chasse Sierra équivalentes, des Sierra SPBT de 175, 200 et 250 gr respectivement en 7mm, .30 et .338 lancées à environ 900m/s (facilement réalisable) les trajectoires se confondront pratiquement. Seule l’énergie résiduelle de la 338 fera la différence avec environ 600 joules de plus que la 7mm à 1000m. La différence ne se fera sentir réellement qu’avec des balles de 280 à 300gr poussées à leur maximum ou en utilisant des canons de plus de 66cm.

Si vous estimez que cette différence est importante pour vous, sautez sur la 338 Lapua vous ne le regretterez pas. Sinon les autres feront le travail. J’ajouterais, sans vouloir briser les élans des futurs acquéreurs de cette carabine ou de ce calibre désormais mythique, que Jean, le gérant du stand où ont eu lieu les essais, confirme que de tous les tireurs et de tous le matériel qu’il voit passer ce sont les calibre 6,5 ou 7mm qui font les meilleurs cartons. Et que le 7mm Rem Mag se comporte avec brio à 1300m.

Je vous souhaite bon choix et bonne réflexion.

La munition de 338 Lapua Magnum

Cette puissante cartouche a vu le jour à la demande des tireurs d’élite des unités spéciales de la marine américaines. Le développement commencé aux USA n’avançant pas, les militaires US se sont tournés vers un maître en termes de cartouche de précision: le finlandais Lapua. Se basant sur un étui de 416 Rigby, raccourci, modifié, considérablement renforcé, les balisticiens et ingénieurs finlandais ont fini par mettre au point en 1987 ce qui est aujourd’hui connu comme la 338 Lapua Magnum. Sa désignation en normes métriques devrait être 8,6×70 Lapua Magnum. Conçue pour « déquiller du bonhomme », la 338 Lapua va rapidement gagner une réputation de grande précision à moyenne et longue distance avec les balles Scenar et Lock Base de 16,2g (250gr) qu’elle emploie. Pour les militaires l’avantage de cette munition tient aussi au fait qu’on peut l’équiper facilement de balles perforantes, traçantes, incendiaires ou combinées en raison de son calibre important.

Pendant très longtemps elle n’intéresse pas ou peu le monde cynégétique et seul Lapua sortira une version pour la chasse équipée d’une balle aujourd’hui oubliée: la Mira de 16,2g. Il m’en reste quelques unes…

Après s’être taillée une bonne réputation aux cours des conflits asymétriques et autres interventions de police, elle gagne les milieux du tir et enfin celui de la chasse (si on peut encore employer ce terme) longue distance, une mode venue du pays de Mc Donald.

Malgré ce nouvel engouement les chargements « chasse » d’usine sont plutôt rares et onéreux. On note chez Lapua une cartouche à balle Naturalis de 15g à 920 m/s. Hornady propose une 16,2g Interlock. Berger, Nosler, Cor-Bon offrent des chargements en 338 Lapua mais sont quasiment impossible à trouver dans l’hexagone. Les plus facile à trouver hormis les Hornady et Lapua devraient être la Winchester à balle Accubond de 300gr, la Barnes Vortex à balle de 280gr et les deux chargements de Sologne (cocorico) avec balle de 250 grs Hornady Interlock et Nosler Partition. Les Hornady à balle de 250gr Interlock sont proposées à 104 dollars aux USA. On peut toujours rêver pour les avoir à 120 euros en France; la balle est dans le camp de Sidam

RWS devrait présenter certainement une 338 Lapua Magnum à balle type Speed Tip de 300gr, testée durant la saison 2015.

Si toutes ces cartouches sont onéreuses, Partizan PPU offre de très bonnes munitions à balles blindées de 250gr (interdites à la chasse en France) qui permettront aux possesseurs de ce calibre qui ne rechargent pas leurs étuis de s’entrainer à moindre cout.

Lors de nos tests elles ont montré une régularité à faire pâlir certaines « Target Elite » et une précision remarquable jusqu’à 1000m. Avec la R8 LR la vitesse fut de 910 m/s mais semble être un maximum à ne pas dépasser.

Fiche technique

Marque: Blaser
Modèle: R8 Long Range
Calibre: 338 Lapua Magnum
Longueur:117cm
Longueur du canon: 68,5cm/72,5cm sans et avec frein de bouche
Poids: 3928g vérifié
Capacité: 2 + 1
Alimentation: bloc chargeur/détente type R8
Crosse: chassis Blaser Professional Success Leather, trou de pouce
Visée: fixe type battue équipée pour montage lunette Blaser.

POINTS FORTS

  • Précision exceptionnelle
  • Ergonomie remarquable
  • Recul étonnamment maîtrisé
  • Modularité du système R8
  • Qualité de fabrication haut de gamme

POINTS FAIBLES

  • Usage très spécialisé
  • Coût élevé

Conclusion

Totalement incongrue pour la chasse hexagonale, inutile et inadaptée en battue, la Blaser R8 Long Range et sa munition de 338 Lapua n’en restent pas moins d’excellents produits spécialisés. La finition, la qualité des départs et de la prise en main de la Professional Success Long Range en font un outil avec lequel on prend plaisir à tirer et qui donnera satisfaction au chasseur qui recherche un plus en terme d’énergie terminale. Associée à une lunette et des munitions de qualité ainsi qu’à un entrainement sérieux, la R8 Long Range devrait satisfaire le plus exigeant de la « nouvelle race des chasseur sniper ». J’ai eu beaucoup de plaisir à l’utiliser.

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Journaliste SoChasse

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