.30-30 Winchester : Le mythe américain qui ne veut pas mourir

Création de génie, succès planétaire, et survivant de toutes les modes… La .30-30 Winchester traverse les siècles avec une modernité déconcertante.

Un calibre signé John Moses Browning pour Winchester

Retour à la fin du XIXe siècle. Nous sommes en 1895 : John M. Browning, légende vivante de l’armurerie, met au point une munition révolutionnaire pour la toute nouvelle Winchester 94, carabine à levier de sous-garde qui fera le tour du monde.
La .30 Winchester Center Fire, plus connue comme .30-30 Winchester, marque l’entrée des munitions à poudre sans fumée aux États-Unis.
Son projectile ? Diamètre .30 pouces (soit 7,85 mm). Son nom “30-30” : 30 grains (1,95 g) de poudre sans fumée, une première sur le marché US, et une appellation commerciale qui deviendra légendaire.

Des dimensions pensées pour durer

Pensée pour les armes à chargeur tubulaire, la .30-30 doit impérativement être dotée de balles à nez plat (Flat Nose, Flat Point), à nez rond (Round Nose) ou à pointe creuse (Hollow Point), histoire d’éviter tout risque de percussion accidentelle dans le magasin lors du recul.
Côté mensurations, elle affiche :

• Poids de balle : 125 à 170 grains (8,10 à 11 g)
• Longueur d’étui : 51,80 mm, avec un long collet (12,11 mm) assurant le maintien de la balle, même en cas de chocs répétés dans le chargeur.
• Longueur totale : 64,77 mm
• Pression maxi CIP : 3200 bars

Niveau performances, une balle FP de 170 grains sort à 660 m/s pour 2500 joules. À 100 m : 570 m/s et près de 1800 joules. Bref, une munition “douce”, mais tout sauf ridicule !

Une cartouche à tout faire : chasse, tir, défense

Dès la sortie du fameux modèle 94, c’est la consécration. Winchester, vite imité par Marlin (avec sa 1893 “30-30 Smokeless”), lance la mode de la .30-30 comme calibre polyvalent.
Des millions d’Américains s’en servent pour la chasse, la défense, et même le tir récréatif. Elle séduit aussi l’Europe à partir des années 60 pour la battue du grand gibier.
Précise jusqu’à 100 m, douce à l’épaule, économique, la .30-30 est proposée par Winchester, Marlin (notamment la mythique 336), Mossberg, Savage, Rossi, et même dans quelques armes à verrou (Winchester 54, succès mitigé).

Sous-estimée en battue… à tort !

En théorie, la .30-30 est légale pour tous les grands gibiers français. Pourtant, l’arrivée des magnums a relégué ce calibre à tort au second plan, au prétexte qu’il serait incapable d’arrêter un gros sanglier ou un cerf. Son look western fait parfois sourire, surtout face à l’ostentation des carabines express et à verrou.
La réalité ? À 50 mètres, elle mettra net n’importe quel sanglier bien touché, ce qui correspond à la plupart des tirs en battue. Pour les grands cervidés, mieux vaut rester à très courte distance par souci d’éthique. Sur le chevreuil, c’est redoutable d’efficacité.

Hornady FTX LEVERevolution : la révolution de la vieille dame

La .30-30 aurait pu s’endormir sur ses lauriers. Mais Hornady a réveillé la belle endormie avec ses cartouches FTX LEVERevolution : balle profilée, nez polymère élastomère, sécurité totale dans le magasin tubulaire, et balistique transfigurée.

• 160 grains FTX : plus de 730 m/s à la bouche, près de 2800 joules ; à 100 m, encore plus de 630 m/s et 2200 joules.
• 140 grains : vitesse et trajectoire tendues à souhait.

Autant dire qu’avec ces nouveaux chargements, la .30-30 n’a rien à envier aux calibres modernes pour des tirs propres et efficaces sur sanglier.

Toujours dans la course, 130 ans après

Une carabine à levier en .30-30 reste un choix de roi pour les traqueurs. Sécurité optimale (chambre vide, chien abattu, magasin plein, arme prête en un clin d’œil) et puissance suffisante pour achever n’importe quel sanglier au ferme.
Au poste, on limitera les distances avec les munitions traditionnelles, mais les versions Hornady FTX autorisent des tirs plus lointains sans complexe. La .30-30, ce n’est pas qu’un morceau d’histoire : c’est une vraie cartouche de terrain, pour ceux qui connaissent leur arme et ne cèdent pas aux modes.
130 ans après, le vieux calibre fait encore le job, pour peu qu’on sache ce qu’on a entre les mains.