Du lapin au sanglier : le beagle, ce petit chien de chasse redoutable

Du lapin au sanglier : le beagle, ce petit chien de chasse redoutable

Le beagle est un peu le couteau suisse du chasseur français. Capable de chasser le lièvre comme le sanglier, il s’impose depuis plusieurs années comme l’un des chiens courants le plus utilisé en France. Et pour cause : il est petit mais robuste, intelligent et opiniâtre.  

Une origine anglaise… et un succès bien français

L’histoire du beagle remonte à plusieurs siècles. Ce chien courant à la taille moyenne serait issu d’anciens chiens de chasse britanniques, notamment du southern hound et du harrier. Le mot « beagle » apparaîtrait dès le Moyen Âge en Angleterre. Au XIXe siècle, des croisements sont opérés pour obtenir un chien rapide, endurant et doté d’un excellent nez capable de chasser le lièvre dans les sous-bois et les plaines.

Le beagle moderne se développe au Royaume-Uni, mais c’est aux États-Unis qu’il devient une véritable star, en tant que chien de détection, chien de compagnie, et chien de chasse. En France, il faut attendre le XXe siècle pour que sa popularité explose. Aujourd’hui, le beagle l’un des chiens de compagnie les plus enregistrés à la Société Centrale Canine.

Un physique robuste et un caractère bien trempé

Le beagle est un chien à poil court, d’une taille moyenne (entre 33 et 40 cm au garrot), pesant entre 10 et 14 kg. Sa robe est souvent tricolore (noir, blanc, feu), mais on trouve aussi des beagle citron et blanc, rouge et blanc, ou encore des variantes dites beagle blue. Sa queue, portée gaiement en sabre, se termine souvent par un fouet blanc, ce qui permet de le repérer dans la végétation.

Son caractère est à la fois joyeux, affectueux, curieux, obstiné et sociable. Ce chien intelligent possède un tempérament volontaire, ce qui en fait un excellent broussailleur, mais peut aussi compliquer son dressage si l’on manque de rigueur. Il adore les enfants, apprécie la vie en meute, et supporte mal l’ennui ou la solitude.

Beagle et chasse : un instinct au service de plusieurs gibiers

Le beagle est avant tout un chien de chasse, classé dans le groupe 6 des chiens courants par la Fédération Cynologique Internationale. Son instinct de poursuite est très marqué, ce qui le rend parfaitement apte à travailler sur la voie du lièvre, du lapin, du renard, mais aussi, dans certaines voies comme le sanglier, le chevreuil voire le cerf.

De nombreux chasseurs français témoignent de son efficacité, notamment en chasse en battue et bien sûr en chasse à courre. « J’ai une petite meute de beagles dans l’Aveyron, raconte Julien, chasseur depuis 25 ans. Ce sont de vrais moteurs sur le lièvre et le renard. Leur voix est claire, leur tenue de voie est solide, et ils ne lâchent pas facilement. »

Autre exemple : dans les Ardennes, une équipe utilise six beagles pour traquer les chevreuils dans des zones boisées. Leur capacité à travailler en meute, tout en conservant une certaine indépendance, est un atout décisif.

Dressage du beagle : patience, méthode et récompenses

Comment dresser un beagle pour la chasse ? C’est une question que se posent beaucoup de jeunes chasseurs. Le dressage du beagle commence tôt, vers 3 à 4 mois, par des jeux de rappel, d’obéissance et de socialisation. Il faut lui apprendre à revenir, à marcher au pied, à rester attentif à son maître… malgré les odeurs environnantes.

Ce chien intelligent mais têtu ne supporte ni la brutalité ni l’improvisation. Il apprend par la répétition, le jeu, la récompense. Le Clu Français du Beagle propose des journées d’initiation pour accompagner les maîtres. « Le beagle, c’est un peu comme un ado qui n’a pas envie de faire ses devoirs », sourit Pascal, éleveur dans le Lot. « Il faut de la constance et une bonne dose de malice pour le garder motivé. »

Peut-on avoir un beagle en chien de compagnie ?

La réponse est oui, mais pas sans conditions. Le beagle comme chien de compagnie est un choix populaire en France. Son caractère affectueux, son tempérament joueur, sa grande sociabilité en font un animal de famille attachant, surtout si vous avez des enfants. Il aime les promenades, les jeux, les câlins. En revanche, il a besoin de se dépenser chaque jour, sinon il peut devenir destructeur ou fugueur.

Il faut aussi savoir que le beagle aboie facilement, surtout en présence d’odeurs ou de gibier. Certains propriétaires non chasseurs se plaignent de son énergie débordante. Pour une vie en appartement, mieux vaut prévoir de longues sorties quotidiennes et un jardin sécurisé.

Espérance de vie, santé, entretien

Le beagle est un chien plutôt rustique. Son espérance de vie moyenne est de 12 à 15 ans, selon les données de la Société Centrale Canine. Il ne présente pas de pathologies génétiques majeures, mais il peut être sujet à certaines maladies oculaires, otites chroniques (à cause de ses oreilles tombantes), ou à l’embonpoint s’il est trop sédentaire.

L’entretien est simple : un brossage hebdomadaire suffit, ainsi qu’un nettoyage régulier des oreilles et un bon suivi vétérinaire. Il faut veiller à son alimentation, car ce chien gourmand n’a pas toujours conscience de ses limites.

Comment choisir un beagle pour la chasse ?

Il est crucial de s’adresser à un éleveur spécialisé, inscrit au Livre des Origines Français (LOF). La Société Centrale Canine répertorie une cinquantaine d’élevages sérieux en France. Il faut vérifier les lignées de travail, observer les parents, et s’assurer que les chiots ont été socialisés.

Les bons caractères de chasse se manifestent tôt : intérêt pour les odeurs, curiosité, résistance physique. Évitez les chiots trop craintifs ou trop apathiques. Un bon beagle c’est un équilibre entre vivacité, concentration, et sociabilité.

Beagle, beagle harrier, beagle blue : quelles différences ?

Le beagle harrier est une race différente, bien que proche. Il est plus grand (45 à 50 cm), plus rapide, et plus endurant. Il a été développé en France au XIXe siècle pour des chasses à courre plus longues (le lièvre plus que son cousin le lapin). Il est souvent confondu avec le beagle classique, mais ses usages diffèrent.

Le beagle blue n’est pas une race reconnue officiellement, mais une variété de robe caractérisée par une couleur bleu-gris moucheté (issue de croisements). Il reste rare en France.

Quant au célèbre pocket beagle ou olde english pocket beagle, c’est une miniature ancienne aujourd’hui disparue. Certains éleveurs américains tentent d’en reproduire l’apparence, mais ces lignées ne sont pas reconnues par les clubs canins officiels.

Ce que dit la Société Centrale Canine

La SCC décrit le beagle comme un chien courant vigoureux, actif, gai, doté d’un grand courage et d’un excellent nez. Le standard du beagle insiste sur son expression douce, son dos droit, son poil court et dense, ses oreilles longues et tombantes, et sa queue bien fournie. Il est inscrit au groupe 6, section 1.3, et validé par la Fédération Cynologique Internationale.

Chaque année, plus de 2000 naissances de beagles LOF sont enregistrées en France, ce qui en fait l’une des races les plus populaires. Le Beagle Club de France organise régulièrement des expositions, des journées de chasse, et des formations au dressage.

Témoignages de chasseurs français

« Mon beagle s’appelle Flèche. Il a 6 ans et chasse le renard comme personne. Dans les fourrés, il est infatigable. Je le mets souvent avec deux autres beagles, et c’est une équipe redoutable. » – Jean-Luc, chasseur dans l’Yonne

« J’utilise trois beagles pour faire de la recherche au sang après tir. Leur calme et leur ténacité me bluffent. Un chevreuil touché la veille peut être retrouvé le lendemain, même sous la pluie. » – Mireille, chasseuse en Corrèze

« J’ai un élevage familial de beagles dans le Puy-de-Dôme. J’oriente mes lignées vers le lièvre. Mes chiots partent souvent chez des chasseurs passionnés, qui recherchent des chiens équilibrés, bons pisteurs et sociables. » – Lionel, éleveur

Voyager avec son beagle : les bons réflexes

Voyager avec un beagle demande un peu de préparation, mais c’est tout à fait possible. Ce chien curieux, énergique et intelligent peut devenir un excellent compagnon de route s’il est habitué progressivement aux trajets dès son plus jeune âge. Un apprentissage en douceur, par étapes courtes, associées à des expériences positives, permet de créer un bon rapport à la voiture.

Utiliser une caisse de transport rigide est recommandé pour sa sécurité. En voiture comme en train ou en avion, mieux vaut anticiper ses besoins : pauses régulières, eau fraîche, aération, et surtout, pas de nourriture juste avant le départ. Le beagle, comme beaucoup de chiens, peut souffrir du mal des transports.

Une fois sur place, il est essentiel de recréer ses repères : couverture, gamelle, jouets. Le beagle a besoin de stabilité émotionnelle, surtout dans un environnement nouveau. Un chien bien préparé voyagera sans stress.

Comment canaliser l’énergie d’un beagle ?

Sans activité suffisante, le beagle peut devenir bruyant, désobéissant, voire destructeur. Pour vivre en harmonie avec lui, il faut canaliser son énergie, pas la brider.

Première règle : il lui faut bouger. Une ou deux heures d’exercice par jour sont nécessaires, entre balades et et exercices. Ce n’est pas un chien fait pour rester enfermé. Il aime explorer, courir, renifler.

Ensuite, il faut le stimuler mentalement. Le pistage ludique, les jeux de recherche de friandises ou les jouets interactifs sont très efficaces. Il a besoin de défis pour ne pas s’ennuyer. Un beagle fatigué est un beagle apaisé.

Enfin, l’éducation doit être cohérente. Ce chien apprend vite, mais il sait aussi tester les limites. Il faut des règles simples, constantes, et un ton juste : ni laxisme, ni brutalité.

Avec un bon équilibre entre activité, affection et cadre clair, le beagle devient un chien calme, posé et très agréable à vivre.

Foire aux questions

À quel âge peut-on dresser un beagle pour la chasse ?
Dès 3-4 mois, en douceur. La chasse proprement dite peut commencer vers 9-10 mois.

Le beagle peut-il rester seul ?
Difficilement. Il supporte mal l’isolement prolongé. Un second chien ou un maître très présent sont recommandés.

Le beagle est-il câlin ?
Oui, très. Il recherche le contact, adore les enfants, et dort souvent collé à son maître.

Comment éviter les fugues ?
Clôture solide, rappel bien travaillé, activités régulières. Un beagle qui s’ennuie fugue pour explorer.

Combien coûte un beagle LOF ?
Entre 800 et 1200 euros selon l’élevage et les origines. Méfiez-vous des annonces à prix cassés.

Le beagle, c’est l’un des rares chiens capables de vous accompagner à la chasse, dans votre canapé, ou en randonnée. Polyvalent, rustique, attachant, il séduit par sa voix chaude et son regard doux. Il demande certes de l’attention, du temps et de l’espace, mais il le rend au centuple. Que vous soyez chasseur de lièvre, de chevreuil ou simple amoureux des chiens de caractère, le beagle mérite toute votre attention.

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Rédacteur en chef, SoChasse

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