Avec 732 brebis tuées par le loup en 2025, la Haute-Marne devient le département le plus prédaté de France. Les Jeunes Agriculteurs ont choisi l’ironie pour alerter avec cette image générée par l’Intelligence Artificielle : derrière l’humour, c’est une détresse profonde et un appel clair à l’État pour enfin agir.
Une image choc pour révéler une réalité insoutenable
Vendredi 5 décembre, les Jeunes Agriculteurs de Haute-Marne ont publié un communiqué illustré avec cette image générée par IA montrant un loup sur un podium. Une manière de frapper fort. « C’est une publication ironique, mais les faits sont là. On n’a pas trafiqué les données, on veut juste attirer l’attention », explique Thomas Millot, président des JA 52, avant d’ajouter : « C’est pas juste un buzz, ce sont les vrais chiffres. » Le département atteint 732 victimes, pour 190 000 € d’indemnisations, et sept louveteaux nés ce printemps. Les JA parlent d’une « pépinière pour le loup » et remercient ironiquement les élus et le ministère, « sans qui deux éleveurs n’auraient certainement pas arrêté leurs activités, laissant 430 brebis sans leurs éleveurs d’origine ».

Des éleveurs épuisés, confrontés à une administration trop lente
Derrière l’image, la lassitude est immense. « On veut montrer que la situation est alarmante et urgente (…) On a des moyens de protection et une indemnisation, on travaille pour ne pas se faire bouffer, mais on rame, face à la lourdeur administrative, c’est trop lent », insiste Thomas Millot. L’État se félicite d’avoir réduit le délai de paiement des indemnisations de 290 à 90 jours, mais les éleveurs y voient surtout une preuve de déconnexion : « On subit cet animal qu’on n’a pas demandé. En plaine, il reste présent, il prolifère. » Lors du comité grands carnivores du 2 décembre, sept jeunes loups et deux adultes ont été recensés, un record. « On n’en a jamais eu autant », soupire Pierre-Edouard Brutel. Pour lui, cette situation frappe une agriculture exemplaire : « Avec le loup, on s’attaque à une des agricultures la plus vertueuse qui existe. » Il rappelle qu’une ponette a été tuée récemment, et prévient : « Demain, ça peut être les animaux domestiques. »
Un impact territorial majeur et une demande claire : réguler
Les éleveurs dénoncent un traitement uniquement comptable du problème : « On le traite comme un problème agricole. Avec le carnet de chèques. Et ils ne prennent pas conscience de l’impact territorial. » Ils alertent sur les conséquences : disparition du pâturage, artificialisation des sols, fin des prairies naturelles qui structurent les paysages et stockent du carbone. « Le loup, ce n’est pas si simple. Personne ne prend la mesure de la disparition des prairies dans nos territoires. » Pierre-Edouard Brutel redoute un basculement vers l’élevage enfermé : « La solution, c’est hélas d’intensifier la production. Les brebis ne sortiront plus. On fera de l’agneau de bergerie. » Ces éleveurs estiment que le Plan Loup « ne va pas dans le bon sens » et que les futures indemnisations limitées à trois attaques ne feront qu’aggraver la situation. Pour eux, la voie est évidente : « Il faut nous donner des tirs de régulation. Éviter la surcroissance du loup. »








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