Fusils ou carabines : quelle arme est la plus impliquée dans les accidents de chasse ?

Fusils ou carabines : quelle arme est la plus impliquée dans les accidents de chasse ?

La question revient chaque saison, à la faveur d’un accident dramatique ou des derniers chiffres publiés par l’Office français de la biodiversité. Entre le fusil et la carabine, quelle arme est la plus souvent impliquée dans les accidents de chasse ? Si la chasse française enregistre depuis vingt ans une baisse spectaculaire de la mortalité, les auto-accidents, ces blessures infligées par le chasseur à lui-même n’ont jamais été aussi nombreux. Et ils ne sont pas réservés à une seule catégorie d’arme.

Fusils : l’arme la plus fréquemment impliquée

Les données recueillies sur plusieurs saisons convergent : les fusils de chasse sont majoritairement impliqués dans les accidents. Une fédération départementale évoque une proportion avoisinant les deux tiers des accidents, contre un tiers pour les carabines. Le Sénat, dans une analyse plus globale, a lui aussi relevé la prépondérance des fusils dans les bilans d’accidentologie. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce ne sont pas uniquement les carabines qui posent problème lors des battues au grand gibier, mais bien les fusils en particulier les armes semi-automatiques, souvent utilisées sur ce type de chasse.

Cette prédominance s’explique par la popularité de ces armes dans les battues françaises, leur cadence rapide et parfois une moindre rigueur dans la sécurisation des déplacements et des tirs. Une statistique brute ne dit pas tout, mais elle trace une ligne claire : ce sont les usages plus que la mécanique qui pèsent dans la balance.

Auto-accidents : des erreurs humaines, pas des types d’armes

On pourrait penser que les auto-accidents concernent essentiellement les fusils, puisque ceux-ci sont les plus nombreux sur le terrain. Mais les bilans de l’OFB montrent qu’ils ne sont pas exclusifs à une arme. Ce sont d’abord des histoires de manipulations maladroites, de gestes mal assurés, de déplacements effectués avec une arme chargée ou non sécurisée.

En 2023-2024, les auto-accidents ont représenté près de 40 % de l’ensemble des accidents, avec des causes récurrentes : arme chargée dans une housse, bretelle mal réglée, détente accrochée à une ceinture, bascule mal fermée. Ce sont des gestes, souvent banals, qui dégénèrent en drames.

Des scènes très concrètes

Ce ne sont pas de simples chiffres, mais des histoires réelles. En fin de battue, un chasseur s’apprête à reprendre sa voiture. Il pose son fusil approvisionné sur le siège conducteur, canon tourné vers l’extérieur. Un mouvement de ceinture, une détente sensible… le coup part. Le drame est instantané. Ce type d’accident illustre un fait simple : un fusil ouvert et désapprovisionné est une vie protégée.

Autre scène rapportée dans les faits divers : un tir sur sanglier, un second coup, puis une explosion du canon. L’accident n’est pas provoqué par un ricochet ou une balle perdue mais par l’arme elle-même, mal entretenue ou obstruée. Une erreur d’entretien ou une cartouche inadaptée peut transformer un tir banal en blessure grave.

L’angle de 30° : une règle trahie plus souvent que l’arme ne dévie

Il est tentant de désigner l’arme comme cause unique. Pourtant, les bilans annuels de l’OFB le rappellent avec constance : la première cause d’accident reste le non-respect de l’angle de 30°. Que l’on tire au fusil ou à la carabine, ce sont des tirs mal orientés, trop hauts, trop loin, qui blessent ou tuent. Les impacts relevés sur des habitations, des véhicules ou des animaux domestiques sont souvent liés à des tirs fichants mal calculés, à des lignes de crête ignorées ou à une excitation de battue qui efface la prudence.

Le problème n’est donc pas tant la balle de carabine ou de fusil que la trajectoire imposée par le chasseur. Et cette trajectoire repose toujours sur une décision humaine.

Moins de morts, mais plus de responsabilité

Les chiffres récents montrent une réalité à double visage : la mortalité liée à la chasse a chuté de près de 77 % en vingt ans, mais les auto-accidents et incidents matériels sont en hausse. Ce paradoxe s’explique aisément. Les chasseurs sont mieux formés, mieux encadrés, mieux contrôlés. Mais la moindre inattention, la routine, ou une mauvaise habitude de manipulation peuvent suffire à faire basculer une journée de chasse.

L’arme n’est qu’un prolongement du geste. Que ce soit un fusil ou une carabine, le danger n’existe que dans la manière dont elle est utilisée. C’est là que se joue la sécurité collective : dans les gestes individuels, répétés et maîtrisés. Chaque déplacement, chaque port d’arme, chaque tir doit respecter les mêmes fondamentaux.

Fusil ou carabine : la vraie réponse

Alors, fusils ou carabines ? Statistiquement, les fusils sont plus souvent impliqués dans les accidents. Mais dans les faits, ce ne sont ni les fusils ni les carabines qui sont dangereux : ce sont les gestes imprudents. Les chiffres n’accusent pas un calibre ou un mécanisme, ils pointent un rapport humain à l’arme.

Ce qui est certain en revanche, c’est qu’il est psychologiquement plus agréable de se retrouver à côté d’un chasseur qui a un fusil cassé ou une carabine culasse ouverte qu’à côté d’un chasseur avec un semi-automatique. Si cette arme bien utilisée est un super outil, le fait de ne pas voir si elle est chargée n’est pas négligeable.

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Rédacteur en chef, SoChasse

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