Sécurité : les chasseurs trois fois moins en infraction que les automobilistes

Une saison 2024-2025 marquée par onze décès chez les chasseurs

La saison 2024-2025 restera comme l’une des plus accidentogènes de ces dernières années : onze chasseurs ont perdu la vie, principalement lors d’auto-accidents. Cette hausse après près de vingt ans d’amélioration constante, a conduit les autorités comme les fédérations à renforcer leur message : la sécurité n’est jamais un acquis, elle doit être rappelée, répétée, consolidée. Les campagnes à venir entendent protéger à la fois les promeneurs… mais surtout les chasseurs eux-mêmes, qui constituent l’écrasante majorité des victimes.

Une grande opération nationale de l’OFB, du 29 novembre au 14 décembre

Pour la cinquième année consécutive, l’Office français de la biodiversité (OFB) mobilise ses inspecteurs pour deux semaines de contrôles et de sensibilisation sur l’ensemble du territoire. Du 29 novembre au 14 décembre, les équipes rappelleront les fondamentaux : respect des angles de 30°, manipulation sécurisée des armes, signalisation obligatoire des battues, port d’un vêtement de couleur vive, distance minimale vis-à-vis des routes et habitations. L’enjeu est d’autant plus important que les autoaccidents représentent aujourd’hui plus de 30 % de l’accidentologie totale.

214 infractions relevées en 2024… un taux plus faible que les infractions routières

L’an dernier, la campagne de l’OFB avait permis de contrôler 9 369 chasseurs pour 214 infractions, soit 2,3 % de pratiquants en infraction. Un chiffre qui, replacé dans un contexte national, offre un éclairage intéressant : à volume égal de contrôles, la moyenne d’infractions relevées par les forces de l’ordre chez les automobilistes dépasse 8 %, selon les statistiques annuelles des opérations routières.
Autrement dit, pour 10 000 personnes contrôlées, on observe :
– environ 228 infractions chez les chasseurs ;
– environ 800 infractions chez les automobilistes.
Ce parallèle ne vise pas à comparer deux activités différentes, mais à rappeler une réalité souvent méconnue : la majorité des chasseurs contrôlés respecte les règles, et les manquements observés restent statistiquement plus faibles que dans de nombreux secteurs du quotidien. Cela n’empêche évidemment pas le risque, puisque le moindre écart ou une simple erreur de manipulation peut entraîner un accident grave.

Les priorités de contrôle pour 2025

Pour cette nouvelle édition, l’OFB concentrera ses efforts sur quatre points essentiels :
le port du vêtement de couleur vive, obligatoire en battue au grand gibier ;
la signalisation temporaire des battues, indispensable pour les promeneurs ;
l’encadrement des chevrotines dans les rares départements où elles sont encore autorisées ;
la sécurité aux abords des routes et habitations, un classique des contrôles de terrain.
Ces prescriptions sont déjà inscrites dans les schémas départementaux de gestion cynégétique et seront vérifiées systématiquement.

Manipulation des armes : les fondamentaux au cœur des rappels

Les inspecteurs de l’OFB insisteront sur les gestes élémentaires, ceux qui préviennent la majorité des incidents :
– transporter les armes déchargées, démontées ou sous étui ;
– ne charger qu’une fois au poste ;
– matérialiser et respecter les angles de 30° ;
– ne jamais tirer vers une habitation, une route ou un chemin ;
– vérifier la conformité des munitions ;
– tenir un registre de battue complet, signé et commenté ;
– organiser un briefing de sécurité clair avant chaque action.
Ces gestes, pourtant simples, forment l’ossature d’une chasse moderne, responsable et respectueuse de la sécurité de tous.

Un dispositif qui se veut avant tout pédagogique

Si des verbalisations peuvent être réalisées, l’OFB insiste chaque année sur la dimension pédagogique de l’opération. Les agents distribueront guides, brochures et rappels officiels. L’objectif est d’amener les chasseurs à intégrer davantage les gestes de sûreté au quotidien, et de maintenir une culture de sécurité cohérente sur tout le territoire. Dans un contexte où chaque accident fait l’objet d’une forte exposition publique, un bilan positif serait un signal précieux et un argument fort en faveur de la pratique.

Une vigilance indispensable malgré un bon niveau de conformité

Le parallèle avec les contrôles routiers le montre : le taux d’infractions formelles chez les chasseurs est relativement faible, surtout rapporté à l’importance du contrôle. Pour autant, l’accidentologie de la chasse rappelle une réalité incontestable : même en respectant les règles écrites, l’erreur humaine, la fatigue, un geste précipité ou un manque de communication peuvent suffire à provoquer un drame.
Les onze décès de la dernière saison, presque exclusivement des chasseurs, doivent rester au cœur de la réflexion : ce sont les pratiquants eux-mêmes qui sont les premiers exposés au danger, d’où la nécessité de renforcer encore la formation, l’information et la discipline collective.

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Rédacteur en chef, SoChasse

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