Grippe aviaire : les chasseurs du 44 dénoncent des restrictions jugées « absurdes »

Face à la progression fulgurante de la grippe aviaire en Loire-Atlantique, la préfecture a durci ses mesures sanitaires. Chasse au gibier d’eau interdite, appelants immobilisés, zones entières verrouillées : des décisions qui provoquent la colère des chasseurs, accusés une nouvelle fois de payer pour les autres. La FDC 44, reçue vendredi 5 décembre en réunion de travail, dénonce des mesures « contre-intuitives » et appelle à une approche réellement fondée sur le terrain.

Restrictions renforcées : la chasse ciblée comme facteur de risque

Dans son communiqué du 2 décembre, la préfecture de Loire-Atlantique a annoncé une série de mesures visant à freiner l’épizootie d’influenza aviaire qui touche massivement les Pays de la Loire. En plus de l’obligation de mise à l’abri des volailles et de tests virologiques, plusieurs restrictions frappent directement les chasseurs :

• interdiction de la chasse au gibier d’eau et au gibier à plumes dans tous les marais non asséchés ;
• interdiction des mouvements et lâchers de gibiers à plumes ;
• interdiction du transport et de l’usage des appelants ;
• suspension des battues administratives ;
• chasse aux gibiers à poils autorisée mais sous conditions.

Pour Denis Dabo, directeur de la FDC 44, cette approche manque totalement de logique sanitaire :
« On va pouvoir, par exemple, chasser tout autour du plan d’eau, mais on ne va pas pouvoir chasser sur le plan d’eau pour ne pas déranger les oiseaux. C’est assez aberrant en termes de sécurité sanitaire car il y a tout plein d’activités humaines autour de ces plans d’eau, que ce soit la chasse, la pêche, la promenade, qui ont le même impact ». Et de dénoncer une nouvelle fois la stigmatisation systématique : « On stigmatise l’acte de chasse, alors qu’en réalité, ça n’a pas d’impact ».

« Une réglementation absurde sur le terrain » selon la FDC 44

Pour la préfecture, l’argument est clair : éviter le dérangement et la dispersion des oiseaux potentiellement porteurs du virus vers de nouveaux élevages. Un raisonnement que Denis Dabo balaie d’un revers de main : « Les oiseaux n’ont pas besoin des chasseurs pour se déplacer, les oiseaux sont migrateurs. Ils font des milliers de kilomètres et se déplacent naturellement tous les matins et tous les soirs de zones de repos vers des zones d’alimentation. Cette réglementation sanitaire qui paraît de bon sens dans un bureau est absurde sur le terrain ». Sur le dossier des appelants, la position de la FDC 44 est plus nuancée. La préfecture en interdit l’usage, et Denis Dabo reconnaît la pertinence du point : « Nous sommes d’accord pour ne plus déplacer les appelants, car on prend la mesure de ce danger. ». Mais il insiste : « Ne plus chasser n’apporte rien de plus en termes de sécurité sanitaire. »

Une situation régionale explosive

Les Pays de la Loire sont aujourd’hui la région la plus frappée par l’épizootie : 63 élevages contaminés en début de semaine, et un niveau de risque national relevé au niveau « élevé » depuis le 22 octobre. La région concentre la majorité des élevages avicoles français, ainsi qu’une part essentielle de la génétique aviaire nationale, ce qui explique l’ampleur de l’impact. Dans ce contexte, la FDC 44, accompagnée de trois administrateurs de l’association départementale des chasseurs de gibier d’eau, de deux éleveurs de gibier, d’un représentant du collectif des chasseurs de Grand-Lieu et d’un représentant des chasseurs de Brière, a été reçue ce vendredi 5 décembre par la DDTM, la DDPP en présence de délégations de l’OFB, des louvetiers et de la Chambre d’Agriculture, pour une réunion de travail consacrée à la situation sanitaire.

Ce que défend la FDC 44 : bon sens, cohérence et solutions

Dans son communiqué du 5 décembre, la Fédération a rappelé trois priorités partagées par l’ensemble des acteurs ruraux présents :

• le maintien de la chasse au gibier d’eau à poste fixe (conformément à l’accord entre la FDC 59 et la DDPP 59) ;
• un meilleur découpage des zones réglementées, jugé trop large et trop arbitraire ;
• des solutions concrètes pour les éleveurs, dont le gibier reste bloqué en volière malgré un état sanitaire parfaitement sain.

La FDC 44 souligne que ses propositions ont été soutenues « par l’ensemble des représentants agricoles » et qu’elles ont reçu « une analyse favorable des services de l’OFB », sous réserve du respect strict des mesures de biosécurité. Les services de l’État se sont engagés à étudier ces propositions et à en rendre compte au préfet lors d’une synthèse mardi.

Appel à la solidarité entre sauvaginiers

Enfin, la Fédération demande aux chasseurs du lac de Grand-Lieu et du Marais breton « d’attendre l’arbitrage du Préfet mardi », et appelle à la solidarité entre sauvaginiers pour soutenir les chasseurs privés momentanément de territoires. Un message d’unité alors que, sur le terrain, la colère monte face à une réglementation perçue comme punitive, inefficace… et totalement déconnectée de la réalité.

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