Dans l’imaginaire collectif, le lapin de garenne est perçu comme une espèce prolifique, voire envahissante. Les chasseurs savent que la réalité est tout autre : en Haute-Garonne, comme ailleurs, les populations ont littéralement chuté en quelques décennies. Depuis plus de dix ans, la Fédération départementale des chasseurs agit pour restaurer ce petit gibier emblématique, mIné à la fois par les maladies, la modification des paysages et la pression humaine. L’opération de translocation menée le 24 novembre dernier près de Muret n’est qu’un exemple parmi beaucoup d’autres.
Une capture en urgence… pour éviter un accident sur l’A64
L’épisode, très parlant, relaté par France 3 Occitanie résume bien l’implication quotidienne des équipes fédérales. le 24 novembre, à la demande de la DIRSO (direction des routes du sud ouest), les techniciens de la FDC 31 sont intervenus en bordure de l’A64, où une forte colonie de lapins posait problème. Arnaud Gaujard, coordinateur faune sauvage à la FDC, résume parfaitement les enjeux : « Il faut bien comprendre que la présence d’une importante population de lapins en bordure d’un axe routier peut être problématique. Le lapin traverse, l’automobiliste fait tout pour l’éviter et cela peut provoquer un accident. Et puis l’autre aspect ce sont les garennes, les galeries, qui affaiblissement le terrain et rendre difficile le travail d’engins ». Les animaux ont été capturés grâce à l’intervention d’un furet. Comme l’explique ce même spécialiste : « Le lapin n’a pas d’autre choix que de sortir de son habitat. Nous le capturons et le libérons ensuite dans une zone identifiée pour la réintroduction du lapin de garenne ». Résultat : 24 lapins déplacés, en parfait état, vers une zone de restauration située à Sepx.
Une dizaine d’interventions par an dans le département
Cet épisode n’a rien d’isolé. La Haute-Garonne en est devenue coutumière. Arnaud Gaujard le rappelle : « Nous sommes intervenus pour déplacer des lapins menacés par un chantier sur la métropole toulousaine. Nous avons aussi été appelés par des aérodromes. La présence d’une population de lapins entraînent la présence d’oiseaux prédateurs dangereux pour la circulation des avions. Parfois on nous appelle parce qu’il y a des dégâts dans un secteur agricole ». Chaque année, une dizaine d’opérations similaires sont menées. Les chasseurs ne prélèvent pas « pour chasser ailleurs » : ils capturent pour sauver, pour sécuriser, pour réimplanter.
Le paradoxe du garenne : surabondant ici, disparu là-bas
Le cœur du travail de la FDC 31, c’est la translocation, terme technique qui désigne le déplacement contrôlé d’animaux vers des zones où l’espèce a disparu. Arnaud Gaujard rappelle un point fondamental : « Dans les années 80, 90 les lapins de garenne étaient présents partout. Mais la modification des paysages, la maladie les ont fait disparaître. Et très rapidement. Là où il y avait 300 à 400 lapins, il en reste zéro en deux ou trois ans ». Ce constat vaut pour la Haute-Garonne… comme pour une grande partie de la France.
GIC, réintroductions et reconstruction des populations
Pour restaurer des noyaux viables, la fédération travaille avec des communes volontaires pour mettre en place des Groupements d’Intérêt Cynégétique (GIC) dédiés au lapin de garenne. Ces territoires sont aménagés, suivis, et strictement interdits au tir jusqu’à stabilisation de la population. Là encore, les propos de terrain sont limpides : « Les lapins s’adaptent très facilement et se reproduisent très vite. On peut espérer qu’en 3 ou 4 ans une population viable sera de retour. La chasse pourra alors reprendre de manière modérée pour réguler l’espèce si nécessaire. »
24 lapins relâchés… et une politique de fond qui porte ses fruits
Les 24 animaux capturés à Muret gambadent désormais sur leur nouveau territoire. Mais l’essentiel n’est pas dans le chiffre : il est dans l’action structurée, constante, méthodique de la FDC 31, qui rétablit patiemment un petit gibier autrefois abondant. Une vérité que l’on rappelle rarement : Sans les chasseurs, le lapin de garenne aurait disparu dans de nombreux secteurs de Haute-Garonne.
Avec eux, il revient. Lentement, mais sûrement.











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