En janvier 2024, la chasse sur le bassin d’Arcachon avait été brusquement restreinte par un arrêté préfectoral interdisant la chasse à tir de sept espèces d’oiseaux d’eau. La Cour administrative d’appel de Bordeaux vient d’annuler cette décision, redonnant aux chasseurs la possibilité de pratiquer leur activité sur cet exceptionnel territoire migratoire.
Une interdiction imposée après un recours associatif
Tout commence fin 2021, lorsque les associations Sea Shepherd France et Défense des Milieux Aquatiques demandent la fin de la chasse sur le domaine public maritime du bassin. Le préfet de la Gironde refuse, jugeant que la chasse n’est pas une menace pour les équilibres écologiques locaux. Les associations saisissent le tribunal administratif de Bordeaux et obtiennent gain de cause en mai 2023.
Selon les juges, plusieurs espèces migratrices fréquentant le bassin d’Arcachon sont classées « menacées ». En conséquence, l’État devait en protéger certaines par une interdiction de chasse.
Le préfet de région Étienne Guyot publie donc, le 23 janvier 2024, un arrêté interdisant la chasse de :
- Râle d’eau
- Fuligule milouin
- Oie cendrée
- Courlis cendré
- Courlis corlieu
- Bécassine des marais
- Chevalier combattant
Cette interdiction concernait dix communes, de Lège-Cap-Ferret au Teich en passant par Arcachon et Gujan-Mestras.
Le paradoxe écologique : moins de chasse, mais des zones entretenues grâce aux chasseurs
Ce qui avait frappé les chasseurs, c’était que le tribunal avait lui-même reconnu dans son jugement que la chasse ne représentait pas une pression significative sur la faune locale. Les chiffres étaient clairs : le nombre de chasseurs avait chuté de 1026 en 2005 à 600 en 2014, et les surfaces chassables avaient diminué de 31 %.
Autre constat majeur : ce sont les tonnes de chasse et les micro-lagunes creusées, entretenues et financées par les chasseurs, qui constituent des zones de repos et d’alimentation essentielles pour les migrateurs.
Autrement dit, la chasse entretenait le milieu, tandis que son interdiction ne garantissait aucune amélioration écologique mesurable.
La justice donne raison aux chasseurs
Saisie par les fédérations locales, la Cour administrative d’appel de Bordeaux vient de revenir sur la décision de 2023.
Elle annule le jugement du Tribunal administratif et valide le travail de gestion réalisé par les chasseurs du bassin.
Dans un message adressé à ses adhérents, le président Thibault Varenne souligne :
« La justice reconnaît clairement le bien-fondé de la démarche portée par les chasseurs ! »
Un projet d’arrêté d’abrogation a été transmis au préfet. Sa publication rendra à nouveau possible la chasse de toutes les espèces concernées, sauf le courlis cendré, qui reste soumis à un moratoire national.
Un dossier symbolique pour la gestion du gibier d’eau en France
Cette affaire pourrait marquer un tournant majeur. Elle illustre deux enjeux fondamentaux du débat sur le gibier d’eau :
- L’opposition entre militantisme animaliste et savoir scientifique de gestion
- L’importance des chasseurs dans l’entretien des zones humides
- Le risque d’interdictions généralisées sans preuves écologiques
À l’étranger, l’Irlande a justement interdit en 2023 la chasse de quatre espèces de canards migrateurs, déclenchant une crise ouverte entre son gouvernement et les chasseurs. Au-delà des frontières, les décisions politiques pèsent de plus en plus sur la gestion des migrateurs, parfois au-dessus des données de terrain.






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