Il est aujourd’hui l’un des visages les plus connus et les plus commentés du monde cynégétique français. Willy Schraen, président de la Fédération nationale des chasseurs (FNC) depuis 2016, est devenu au fil des années bien plus qu’un représentant de la chasse : il incarne une certaine idée de la ruralité française, fière, revendicative et combative face à ce qu’il perçoit comme une « France urbaine » déconnectée des réalités de terrain. Défenseur acharné de la chasse, polémiste assumé, interlocuteur régulier des pouvoirs publics et des médias, il occupe aujourd’hui une place singulière dans le paysage politique et culturel français.
Des racines profondément rurales
Willy Schraen voit le jour le 27 juin 1969 dans le Pas-de-Calais, une région où la chasse est plus qu’un loisir : une culture ancrée dans les campagnes, transmise de génération en génération. Issu d’un milieu modeste, il découvre très jeune la chasse, au contact d’un territoire rural profondément attaché à ses traditions. Ce lien à la terre, à la nature, à la sociabilité villageoise, ne l’a jamais quitté.
Chasseur passionné, Schraen est avant tout un homme de terrain, qui revendique une chasse populaire, pratiquée par « la France périphérique » : celle des villages, des plaines agricoles, des forêts et des marais. Son engagement associatif commence dès les années 1990 au sein d’une société de chasse locale, puis s’élargit à la fédération départementale des Chasseurs du Pas-de-Calais, dont il devient président en 2011.
L’ascension à la tête de la FNC
En 2016, Willy Schraen est élu président de la Fédération nationale des chasseurs, succédant à Bernard Baudin. À la tête de cette organisation regroupant plus d’un million de chasseurs, il entend rompre avec une communication jugée trop défensive et placer la chasse au cœur du débat public. Son style direct, son goût pour la confrontation médiatique et sa capacité à mobiliser font rapidement de lui une figure nationale.
Sous sa présidence, la FNC gagne en visibilité. Willy Schraen entretient des relations suivies avec les pouvoirs publics, notamment avec Emmanuel Macron et les ministres de l’Écologie successifs. Il participe activement aux discussions sur la réglementation de la chasse, sur les périodes d’ouverture, la gestion des espèces ou encore les questions de sécurité. En 2018, il soutient la réforme qui aboutira à la baisse du prix du permis national de chasse à 200 euros, une mesure très populaire auprès des chasseurs et qui marque un tournant politique.
Un homme de convictions et de combats
Willy Schraen ne se contente pas de défendre une activité. Il revendique un mode de vie et une identité rurale. Ses prises de position dépassent souvent la simple chasse : il parle d’agriculture, d’aménagement du territoire, de biodiversité, de liberté. Son discours oppose fréquemment deux France : celle des campagnes, attachée à ses pratiques, et celle des grandes villes, qu’il accuse d’ignorer les réalités rurales.
Il s’engage dans plusieurs combats emblématiques : la défense de la chasse à la glu, des chasses traditionnelles ou encore des pratiques de régulation. Il défend aussi le rôle écologique des chasseurs, qu’il présente comme des acteurs de la gestion des territoires et de la biodiversité, souvent en désaccord frontal avec les associations animalistes ou écologistes.
Les polémiques qui l’ont rendu incontournable
Le nom de Willy Schraen est aussi associé à plusieurs polémiques nationales. Ses déclarations franches ont souvent suscité des réactions virulentes. En 2020, ses propos sur le port d’armes par les chasseurs pour se défendre contre des agressions dans certaines zones rurales déclenchent une tempête médiatique. Ses critiques régulières envers certaines associations écologistes et personnalités politiques l’ont placé au cœur de nombreuses confrontations.
Sa vision très assumée de la chasse, qu’il défend comme un pilier culturel français, est jugée par ses détracteurs comme trop rigide et ancrée dans une opposition systématique. Lui revendique au contraire une parole libre face à des militants qu’il qualifie de « radicalisés » ou de « coupés du monde réel ».
Une influence politique bien réelle
Willy Schraen est aussi un homme politique au sens stratégique du terme. Sans appartenir à un parti, il a su faire de la FNC une force de lobbying puissante, écoutée au plus haut niveau de l’État. Il rencontre régulièrement des ministres, participe à des groupes de travail parlementaires, et a été membre du Conseil économique, social et environnemental (CESE), où il a porté la voix des chasseurs et des ruraux.
Sa proximité avec Emmanuel Macron a été abondamment commentée. Il a notamment été un interlocuteur privilégié sur les questions de biodiversité, de régulation et de sécurité, obtenant des avancées pour la chasse, mais suscitant aussi la méfiance des opposants à cette activité.
Une figure polarisante
Pour les chasseurs, Willy Schraen est souvent perçu comme celui qui a redonné de la voix à une communauté longtemps attaquée et marginalisée dans le débat public. Pour ses adversaires, il est au contraire l’incarnation d’un lobby puissant, opposé à une vision plus écologiste de la nature. Cette polarisation lui confère une notoriété rare pour un dirigeant d’association rurale.
Il a également réussi à moderniser la communication de la chasse, en multipliant les prises de parole dans les médias, les tribunes, les interviews et les interventions publiques. Son franc-parler, parfois abrasif, attire autant qu’il agace, mais ne laisse jamais indifférent.
Une trajectoire loin d’être terminée
À un moment où la chasse est plus que jamais au centre des débats (sécurité, cohabitation des usages, biodiversité, jours de chasse) Willy Schraen reste un acteur clé de ce dossier brûlant. Ses prises de position continueront d’alimenter la controverse, mais aussi de structurer le rapport de force entre chasseurs, pouvoirs publics et opposants à la chasse.
De ses racines rurales à son influence nationale, de ses combats pour la chasse populaire à ses joutes médiatiques, Willy Schraen incarne aujourd’hui une figure singulière : celle d’un homme qui revendique haut et fort une identité rurale dans une France en mutation. Ses partisans l’admirent pour sa ténacité ; ses adversaires le critiquent pour son intransigeance. Mais tous s’accordent sur un point : dans le monde cynégétique français, aucune discussion sérieuse ne se tient sans que son nom n’y résonne.





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