En France, entre 15 000 et 20 000 chasseurs troquent aujourd’hui le fusil pour l’arc de chasse. Cette pratique silencieuse et exigeante séduit de plus en plus, notamment dans les zones périurbaines où le tir à balle peut parfois présenter des risques. Contrairement à ce que certains imaginent, il n’existe pas de permis spécifique pour la chasse à l’arc. Pour pouvoir la pratiquer légalement, il faut être titulaire du permis de chasser classique et suivre une Journée de Formation Obligatoire à la chasse à l’arc. Ce dispositif est en place depuis 1995 et s’est considérablement structuré ces dernières années.
Existe-t-il un permis de chasse à l’arc dédié
Il n’existe pas de permis distinct pour les archers. Pour chasser à l’arc en France, il faut être détenteur d’un titre permanent du permis de chasser délivré par l’Office Français de la Biodiversité. À cela s’ajoute une Journée de Formation Obligatoire (JFO) spécifique à l’arc. Cette session est organisée par les Fédérations Départementales des Chasseurs et encadrée par la Fédération Française des Chasseurs à l’Arc. Le chasseur doit s’inscrire auprès de la fédération de son choix, remplir le formulaire CERFA n°10804*03, fournir une pièce d’identité et une enveloppe affranchie. Il peut suivre la JFO avant ou après avoir obtenu son permis de chasse.
Comment se déroule la JFO chasse à l’arc
Cette formation a pour objectif de donner au chasseur les compétences techniques et sécuritaires nécessaires à l’utilisation de l’arc en action de chasse. Elle dure une journée et comprend une partie théorique et une partie pratique.
La théorie aborde la nomenclature des arcs (droit, recurve, à poulies), la corde, la flèche, les accessoires, les notions techniques comme l’allonge ou le spine, ainsi que la réglementation. Les stagiaires étudient également les zones vitales à atteindre sur le gibier, les différentes techniques de tir (instinctif ou avec viseur), les procédés de chasse comme l’affût ou l’approche, et les règles de sécurité.
La pratique consiste à monter un arc, savoir le régler, adapter la flèche à l’allonge du tireur, aiguiser une lame et tirer sur des cibles 3D en conditions proches de la réalité. Le stagiaire apprend à déterminer son cercle efficace, c’est-à-dire la distance maximale à laquelle il peut assurer un tir létal précis. À l’issue de la journée, une attestation de participation à la JFO est délivrée. Elle doit toujours être portée sur soi lors des actions de chasse à l’arc.
Quels arcs de chasse sont autorisés en France
La réglementation de la chasse à l’arc encadre strictement le matériel. Seuls sont autorisés les arcs dont l’armement est assuré par la force physique de l’archer. Les arbalètes sont interdites. Trois familles d’arcs sont autorisées en action de chasse en France : les arcs droits (longbows), les arcs recourbés (recurves) et les arcs à poulies (compound).
Les pointes de chasse coupantes doivent comporter au moins deux lames, avec un diamètre de coupe supérieur ou égal à 25 mm ou une longueur tranchante d’au moins 40 mm. Les flèches de chasse doivent être marquées du numéro de permis du chasseur. Les pointes de tir sur cible et les dispositifs explosifs ou toxiques sont interdites. L’encoche d’une flèche ne peut se faire qu’en action de chasse.
Quels gibiers chasser à l’arc
La chasse à l’arc en France est particulièrement adaptée aux grands gibiers, notamment le sanglier, le chevreuil et les cervidés. Elle peut aussi concerner le renard, le lièvre, le lapin et certains oiseaux comme le faisan, le perdreau ou le canard . Les tirs se font à courte distance, souvent à moins de quinze mètres. Le mode de chasse privilégié est l’affût ou l’approche, qui repose sur la discrétion et la précision.
Frédéric Caujolle, chasseur à l’arc dans les Yvelines, expliquait à France Info en septembre 2025 : « Avec l’arc, on vise cœur-poumons. On tire très près et l’animal meurt en quelques secondes. C’est une chasse exigeante, respectueuse, qui limite énormément les risques d’accidents. »
Faut-il créer un permis de chasse à l’arc spécifique
La question est débattue dans le monde de la chasse depuis plusieurs années. Certains estiment que la JFO est suffisante et qu’elle permet de former les chasseurs efficacement. D’autres défendent l’idée d’un permis spécifique pour la chasse à l’arc afin de mieux valoriser cette pratique et de renforcer son encadrement. Pour l’instant, aucune réforme officielle n’est à l’étude. Toutefois, plusieurs fédérations départementales reconnaissent l’intérêt d’une formation renforcée, notamment dans les zones périurbaines où cette pratique est appelée à se développer. L’autre intérêt serait sûrement de proposer un permis de chasser dédié pour la chasse à l’arc. Certaines personnes n’iront jamais chasser avec une arme à feu mais pourraient être tentées par la chasse à l’arc uniquement. Il ne serait donc pas inintéressant de réfléchir à un permis dédié.
Une chasse mieux perçue en zone périurbaine
L’Office National des Forêts (ONF) a recours de plus en plus souvent aux archers pour réguler les populations de sangliers et de chevreuils en bordure de villes. Le tir en silence, la courte distance et la sécurité accrue en font un outil efficace dans des zones où l’usage d’armes à feu est délicat. Frédéric Caujolle, archer à Viroflay, résume ainsi son expérience : « À moins de dix minutes de chez moi, je peux chasser à l’affût. Ici, une carabine serait trop risquée. L’arc est la solution idéale. »
La chasse à l’arc permet d’intervenir discrètement, sans détonation, ce qui limite les nuisances pour les riverains et améliore la cohabitation entre chasseurs et habitants.
Quel est le coût du matériel de chasse à l’arc
La chasse à l’arc nécessite un investissement initial, mais reste souvent moins onéreuse que la chasse à tir. Le prix d’un arc droit ou recurve varie généralement entre 250 et 600 euros. Un arc à poulies coûte entre 500 et 1500 euros. Une flèche de chasse équipée d’une pointe coupante coûte de 10 à 25 euros, et une pointe coupante entre 10 et 20 euros. Les carquois et accessoires représentent un budget supplémentaire de 50 à 150 euros. La participation à la JFO chasse à l’arc est souvent gratuite ou facturée entre 20 et 50 euros selon les fédérations.
En combien de temps un archer prélève-t-il son premier gibier
Il n’existe pas de statistique officielle, mais les témoignages de chasseurs convergent. Il faut souvent plusieurs mois, voire une année complète, pour réaliser un premier prélèvement à l’arc. Cette chasse repose sur la patience, l’observation et la proximité. Le taux de réussite à l’arc est plus faible qu’avec une carabine, ce qui renforce le caractère exigeant et éthique de la chasse à l’arc. Frédéric Caujolle résume ce sentiment : « Ce n’est pas une chasse de rendement. On revient souvent bredouille. Mais quand ça arrive, c’est un moment très fort, presque initiatique. »
Un outil efficace pour la régulation du gibier
La chasse à l’arc s’impose progressivement comme une solution efficace pour réguler les populations de gibier dans des secteurs sensibles. Dans de nombreuses communes du sud de la France, très touchées par la prolifération des sangliers, elle pourrait être davantage utilisée. Elle peut aussi répondre à une attente sociétale : celle d’une chasse plus discrète, sécurisée et mieux acceptée par les citadins. Mais si un jour nous voulons prélever 800 000 sangliers à l’arc il faudra alors que tous les français en âge de chasser s’y mettent!












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